S. f. (Physique) c'est l'assemblage d'une infinité de petites bulles d'eau ou d'autre matière liquide, remplies d'air raréfié par la chaleur et élevés par leur légéreté jusqu'à une certaine hauteur dans l'athmosphère ; après quoi elles retombent, soit en pluie, soit en rosée, soit en neige, etc.

Les masses formées de cet assemblage, qui flottent dans l'air, sont ce qu'on appelle nuages. Voyez NUAGE.

Quelques personnes se servent indifféremment du mot de vapeur pour exprimer les fumées qu'envoyent les corps humides et les corps secs, comme le soufre, etc. mais M. Newton avec plusieurs autres auteurs, appellent ces dernières exhalaisons et non vapeurs.

Sur la manière dont les vapeurs sont élevées et ensuite précipitées vers la terre, voyez EVAPORATION, ROSEE, PLUIE, etc.

Sur la formation des sources par le moyen des vapeurs, voyez FONTAINE, etc.

La quantité de vapeurs que le soleil fait élever de dessus la surface de la mer, est inconcevable. M. Halley a fait une tentative pour la déterminer. Par une expérience faite dans cette vue et décrite dans les Transactions philosophiques, il a trouvé que de l'eau dont la chaleur est égale à celle de l'air en été, perdait en vapeurs dans l'espace de deux heures la quantité que demande un abaissement dans la surface de la cinquante-troisième partie d'un pouce ; d'où on peut conclure que dans un jour où le soleil échauffe la mer pendant douze heures, l'eau qui s'évapore, monte à un dixième de pouce sur toute la surface de la mer.

Dans cette supposition, dix pouces carrés en surface donnent d'évaporation environ un pouce cubique d'eau par jour, et chaque pied carré par conséquent environ une demi-pinte ; chaque espace de quatre pieds carrés donnera deux pintes ; chaque mille carré 6914 tonneaux ; chaque degré carré supposé de 69 milles d'Angleterre, donne 33 millions de tonneaux. Or si on suppose la Méditerranée d'environ 40 degrés de long et de 4 de large, en prenant un milieu entre les endroits où elle est le plus large, et ceux où elle l'est le moins, ce qui donne 160 degrés pour l'espace qu'occupe cette mer, on trouvera par le calcul qu'elle peut fournir en évaporations dans un jour d'été 5280 millions de tonneaux.

Mais cette quantité de vapeurs quoique très-grande, n'est qu'une partie de ce que produit une autre cause bien plus éloignée de pouvoir être calculée, qui est celle de l'évaporation produite par le vent, et que tous ceux qui ont examiné la promptitude avec laquelle les vents dessechent, savent être extrêmement considérable. Chambers.

De plus, la partie solide de la terre est presque par-tout couverte de plantes, et les plantes envoyent une grande quantité de vapeurs ; car suivant les observations de M. Halles, dans la statique des végétaux, un tournesol haut de 3 pieds 1/2 transpire du-moins de 1 livre 1/4 dans l'espace de 12 heures, ce qui est presque autant que ce qui s'évapore en un jour d'un bac d'eau exposé au soleil, et qui aurait trois pieds carrés de diamètre. Par conséquent si on supposait que toutes les plantes transpirassent également, il ne s'éleverait pas moins de vapeurs des parties solides de la terre qu'il s'en élève de la mer.

D'ailleurs il sort aussi du corps des hommes et des animaux une grande quantité de vapeurs, et suivant les observations de M. Halles, ce qui s'évapore du corps d'un homme, est à ce qui s'évapore du tournesol comme 141 à 100 ; si nous joignons à cela les exhalaisons des plantes qui se sechent ou qui se pourrissent, celles qui proviennent de la fumée de toutes les matières qu'on brule, enfin les exhalaisons qui s'élèvent du sein de la terre même, nous conclurons que l'air est rempli d'une prodigieuse quantité de vapeurs, et que sa substance doit en être comme pénétrée.

A l'égard du mécanisme de l'élévation des vapeurs, ceux qui désireront un plus grand détail sur ce sujet, peuvent avoir recours aux articles cités ci-dessus, et à l'essai de physique de M. Musschenbroeck, article des météores, d'où nous avons tiré en partie ce qui précède.

VAPEUR, VAPOREUX, se dit en Peinture, lorsque la perspective aèrienne est bien entendue dans un tableau, et qu'il y règne un très-léger brouillard qui rend les objets tendres et flous. On dit, il règne une belle vapeur dans ce tableau : ces objets sont tendres et vaporeux. Vouvermants et Claude Lorrain excellaient en cette partie.

VAPEURS, en Médecine, est une maladie appelée autrement mal hypochondriaque et mal de rate. Elle est commune aux deux sexes, et reconnait deux différentes causes.

On croit qu'elle provient d'une vapeur subtîle qui s'élève des parties inférieures de l'abdomen, surtout des hypocondres, et de la matrice au cerveau, qu'elle trouble et qu'elle remplit d'idées étranges et extravagantes, mais ordinairement désagréables. Cette maladie se nomme dans les hommes affection hypocondriaque. Voyez AFFECTION HYPOCONDRIAQUE.

Les vapeurs des femmes que l'on croit venir de la matrice, sont ce qu'on appelle autrement affection ou suffocation hystérique ou mal de mère.

Cette maladie provient également des hypocondres, comme de la matrice. L'idée du public ou du vulgaire sur la fumée qui s'élève du bas-ventre au cerveau, parait d'abord vraisemblable, mais elle est fausse et combattue par la théorie et l'anatomie. Cette prétendue fumée n'est rien autre chose que l'irritation des fibres nerveuses des viscères contenus dans le bas-ventre, tels que le foie, la rate, l'estomac et la matrice, qui affecte sympathiquement le cerveau par la communication de la huitième paire de nerfs avec le grand nerf intercostal ; cette communication qui est étendue dans toutes les cavités, est la cause prochaine et unique de ces maladies et des étranges et bizarres symptômes qui l'accompagnent ; une preuve de ceci est que les remèdes qui peuvent détourner les esprits animaux ailleurs, ou causer une irritation différente, en produisant une sensation desagréable, sont excellents dans ces maladies ; or d'où peut provenir un tel prodige, sinon que les esprits sont déterminés ailleurs ? Mais on doit remarquer que les vapeurs attaquent surtout les gens aisifs de corps, qui fatiguent peu par le travail manuel, mais qui pensent et rêvent beaucoup : les gens ambitieux qui ont l'esprit vif, entreprenans, et fort amateurs des biens et des aises de la vie, les gens de lettres, les personnes de qualité, les ecclésiastiques, les dévots, les gens épuisés par la débauche ou le trop d'application, les femmes oisives et qui mangent beaucoup, sont autant de personnes sujettes aux vapeurs, parce qu'il y a peu de ces gens en qui l'exercice et un travail pénible du corps empêche le suc nerveux d'être maléficié. Bien des gens pensent que cette maladie attaque l'esprit plutôt que le corps, et que le mal git dans l'imagination. Il faut avouer en effet que sa première cause est l'ennui et une folle passion, mais qui à force de tourmenter l'esprit oblige le corps à se mettre de la partie ; soit imagination, soit réalité, le corps en est réellement affligé. Ce mal est plus commun aujourd'hui qu'il ne fut jamais, parce que l'éducation vicieuse du sexe y dispose beaucoup, et que les jeunes gens se livrent ou à la passion de l'étude, ou à toute autre avec une égale fureur, sans mesure et sans discernement ; l'esprit s'affoiblit avant d'être formé, et à peine est-il né, qu'il devient languissant. La gourmandise, la vie oisive, les plaisirs habituels entretiennent cette malheureuse passion de passer pour bel esprit ; et les vapeurs attaquent le corps, le ruinent et le font tomber en consomption. Voici les remèdes les plus efficaces pour ce mal qui devient contagieux, et qui est l'opprobre de la médecine.

1°. Un régime exact, ne manger qu'avec faim et manger peu, éviter les aliments de haut gout, les liqueurs, les passions violentes, les veilles, les jeux et les pertes que l'on y fait, la débauche de toute espèce ; désirer peu, ou des choses justes et possibles, travailler beaucoup et plus qu'on ne mange, sont des moyens plus surs que toutes les potions cordiales.

2°. Se former une idée véritable de son peu de savoir et de son petit mérite, se croire toujours favorisé, soit de la fortune, soit du prince, soit de la nature, au-delà de ses talents, écouter la raison et se faire de bonnes mœurs, sont des préservatifs contre les vapeurs.

Cependant comme ces remèdes ne plairont pas à ceux qui flattés de leurs faux talents, se croiront réellement malades, et avoir besoin de la médecine qui ne peut guère les soulager, nous les renvoyons aux articles du spasme, des convulsions, de la tension, de l'épilepsie, du vertige, de la fureur utérine, de l'affection hypocondriaque et hystérique, et nous leur enjoignons d'user des remèdes purgatifs, des amers, des apéritifs combinés avec les toniques : la teinture de castor, le syrop de karabé, les pilules de cachou, de Wildegansius et la liqueur minérale d'Hoffman sont leur ressource.