S. f. (Mécanique) est une des cinq puissances mécaniques, dont on se sert principalement pour presser ou étreindre les corps fortement, et quelquefois aussi pour élever des poids ou des fardeaux. Voyez PUISSANCES MECHANIQUES, MACHINE, etc.

La vis est un cylindre droit, tel que A B (Planch. Mécan. fig. 11. n °. 2.) creusé en forme de spirale. Sa génération se fait par le mouvement uniforme d'une ligne droite F G (fig. 11.) autour de la surface d'un cylindre, dans le même temps que le point I descend uniformément de F vers G. On appelle une vis mâle celle dont la surface creusée est convexe, et celle qui est concave est appelée vis femelle, ou plus communément écrou, et alors on appelle vis simplement la vis mâle. On joint toujours la vis mâle à la vis femelle, quand on veut exécuter quelque mouvement avec cette machine, c'est-à-dire toutes les fois que l'on veut s'en servir comme d'une machine simple ou d'une puissance mécanique. Quelquefois la vis mâle est mobîle et l'écrou est fixe, quelquefois l'écrou est mobîle et la vis mâle fixe : mais dans l'un et l'autre cas, l'effet de la vis est le même.

La cloison mince qui sépare les tours de la gorge de la vis, est appelée le filet de la vis ; et la distance qu'il y a d'un filet à l'autre, se nomme pas de vis.

Il est visible que le filet d'une vis n'est autre chose qu'un plan incliné roulé en spirale autour d'un cylindre, et que ce plan est d'autant moins incliné que les pas sont moins grands. Ainsi lorsqu'une vis tourne dans son écrou, ce sont deux plans inclinés dont l'un glisse sur l'autre. La hauteur est déterminée pour chaque tour par la distance d'un filet à l'autre ; et la longueur du plan est donnée par cette hauteur et par la circonférence de la vis. Car si on développe un filet de vis avec son pas, on aura un plan incliné.

Quand on veut faire usage de cette machine, on attache ou on applique l'une des deux pièces, la vis ou l'écrou, à la résistance qu'il faut vaincre, et l'autre lui sert comme de point d'appui. Alors en tournant on fait mouvoir l'écrou sur la vis ou la vis dans l'écrou, selon sa longueur ; et ce qui résiste à ce mouvement avance ou recule d'autant. Par exemple, dans les étaux des Serruriers, une des deux mâchoires est poussée par l'action d'une vis contre l'autre à laquelle est fixé un écrou. Il faut, comme l'on voit, que la puissance fasse un tour entier pour faire avancer la résistance de la quantité d'un pas de vis, c'est-à-dire de la distance d'un filet à l'autre.

Théorie ou calcul de la vis. 1°. Si la circonférence décrite par la puissance en un tour de vis, est à l'intervalle ou à la distance entre deux spires qui se suivent immédiatement (prise sur la longueur de la vis), comme le poids ou la résistance est à la puissance ; alors la puissance et la résistance seront en équilibre. Par conséquent la résistance sera surmontée, pour peu que l'on augmente la puissance.

Car il est évident qu'en un tour de vis le poids est autant élevé, ou la résistance autant repoussée, ou ce que l'on propose à serrer l'est autant qu'il y a de distance entre deux spires immédiatement voisines ; et que dans le même temps le mouvement ou le chemin de la puissance est égal à la circonférence décrite par cette même puissance en un tour de vis. C'est pourquoi la vitesse du poids (ou de quoique ce soit qui y réponde) sera à la vitesse de la puissance comme la distance entre deux spires est à la circonférence décrite par la puissance en une révolution ou en un tour de vis. Ainsi avec cette machine l'on perd en temps ce que l'on gagne en puissance.

2°. Plus la distance entre deux spires est petite, moins il faut employer de force pour surmonter une résistance proposée.

3°. Si la vis mâle tourne librement dans son écrou, la puissance requise pour surmonter une résistance, doit être d'autant moindre, que le levier B D (fig. 12.) est plus long.

4°. La distance B D de la puissance au centre de la vis, la distance I K de deux spires, et la puissance applicable en D étant données, déterminer la résistance que l'on pourra surmonter ; ou la résistance étant donnée, trouver la puissance capable de surmonter cette résistance.

Trouvez la circonférence d'un cercle décrit par le rayon C D ; trouvez ensuite un quatrième terme proportionnel à la distance entre deux spires, à la circonférence que l'on vient de trouver, et à la puissance donnée, ou bien à ces trois termes, la circonférence trouvée, la distance de deux spires, et la résistance donnée. Dans le premier cas, ce quatrième terme proportionnel exprimera la résistance que la puissance donnée pourra surmonter, et dans le second il exprimera la puissance nécessaire pour surmonter la résistance donnée.

Par ex. supposons que la distance entre deux spires soit 3, que la distance C D de la puissance au centre de la vis soit 25, et que la puissance fasse un effet de 30 liv. on trouvera que la circonférence du cercle décrit par la puissance sera 157 à-peu-près, parce que l'on n'a pas le rapport exact du diamètre à la circonférence. C'est pourquoi en faisant cette proportion 3. 157 : : 30. 1570, on verra que la résistance est égale à 1570 liv.

5°. La résistance qu'une puissance donnée doit surmonter étant connue, déterminer le diamètre de la vis, la distance I K de deux spires, et la longueur du levier B D, on peut prendre à volonté la distance des spires et le diamètre de la vis ; s'il s'agit de faire tourner avec un levier la vis mâle dans son écrou, on dira : la puissance donnée est à la résistance qu'il faut surmonter comme la distance des spires est à un quatrième nombre qui exprimera la circonférence que doit décrire le manche C D en un tour de vis ; c'est pourquoi en cherchant le demi-diamètre de cette circonférence, on aura la longueur du levier B D. Mais s'il faut que l'écrou tourne autour de sa vis, sans se servir du levier, alors le diamètre trouvé sera celui de la vis demandée.

Sait le poids 6000, la puissance 100, et la distance des spires 2 lignes ; pour trouver la circonférence que la puissance doit décrire, dites : 100. 6000 : : 2. 120. Le diamètre de cette circonférence étant environ le tiers de 120 = 40 lignes, exprimera la longueur du levier, en cas que l'on en fasse usage ; autrement il faudra que la surface du corps dans lequel l'écrou est creusé ait au-moins 40 lignes de diamètre.

Selon la matière dont on fait les vis, et les efforts qu'elles ont à soutenir, on donne différentes formes aux filets, le plus souvent ils sont angulaires ou carrés. Ceux-ci se pratiquent ordinairement aux grosses vis de métal qui servent aux presses et aux étaux, parce qu'elles en ont moins de frottement. On fait aux vis de bois des filets angulaires pour leur conserver de la force ; car par cette figure ils ont une base plus large sur le cylindre qui les porte ; on donne aussi la même forme aux filets des vis en bois, je veux dire ces petites vis de fer qui finissent en pointe et qui doivent creuser elles-mêmes leur écrou dans le bois ; on doit les considérer de même que les meches des vrilles et des tarières, comme des coins tournans, dont l'angle ouvre le bois d'autant mieux qu'il est plus aigu ; ou pour parler plus juste, ces machines ne sont autre chose qu'une vis réunie avec un coin. Leçons de Physique de M. l'abbé Nollet. (O)

VIS SANS FIN, si une vis est disposée pour faire tourner une roue dentée D F (fig. 13.), on l'appelle vis sans fin, parce qu'elle fait tourner perpétuellement la roue E, et que cette vis elle-même peut tourner perpétuellement sans jamais finir, au lieu qu'on ne peut faire faire aux autres vis qu'un certain nombre de tours. La figure fait assez voir que quand la vis fait un tour, la roue n'avance que d'une dent.

Théorie ou calcul de la vis sans fin. 1°. Si la puissance appliquée au levier ou à la manivelle A B d'une vis sans fin est au poids ou à la résistance, en raison composée de la circonférence de l'axe de la roue E H à la circonférence décrite par la puissance qui fait tourner la manivelle, et des révolutions de la roue D F aux révolutions de la vis C B, la puissance sera en équilibre avec le poids ou la résistance.

Il suit de-là 1°. que le mouvement de la roue étant excessivement lent, il n'est besoin que d'une très-petite puissance pour élever un poids considérable par le moyen de la vis sans fin : c'est pour cette raison que l'on fait un grand usage de la vis sans fin, quand il s'agit d'élever des poids énormes à une petite hauteur, ou lorsque l'on a besoin d'un mouvement très-lent et très-doux ; ainsi l'on s'en sert fort souvent dans les horloges et dans les montres.

2°. Etant donné le nombre des dents, la distance A B de la puissance au centre de la vis, le rayon de l'axe H E et la puissance, trouver le poids que la machine élevera.

Multipliez la distance de la puissance au centre de la vis par le nombre des dents ; ce produit est proportionnel à l'espace parcouru par la puissance dans le même temps que le poids parcourt un espace égal à la circonférence de l'axe de la roue. Trouvez après cela une quatrième proportionnelle au rayon de l'axe, à l'espace parcouru par la puissance qui vient d'être déterminé, et à la puissance ; ce quatrième terme exprimera le poids que la puissance peut soutenir. Ainsi si A B = 3, le rayon de l'axe H E = 1, la puissance = 100 livres, le nombre des dents de la roue D E = 48, on trouvera le poids = 14400 ; d'où il parait qu'il n'y a point de machine plus capable que la vis sans fin, d'augmenter la force d'une puissance. Mais cet avantage coute bien du temps ; car il faut, comme nous l'avons dit, que la vis fasse un tour entier pour faire passer une dent de la roue ; et il faut que toutes les dents passent pour faire tourner une fois le rouleau ; de sorte que si le nombre des dents est 100, et que le diamètre du rouleau soit de quatre pouces, pour élever le poids à la hauteur d'un pied, il faut que la puissance fasse tourner cent fois la manivelle ; mais il y a bien des occasions, comme nous l'avons déjà dit, où cette lenteur est le principal objet qu'on se propose ; par exemple, lorsqu'il s'agit de modérer le mouvement d'un rouage, ou bien de faire avancer ou reculer un corps d'une des petites quantités qu'il importe de connaître.

Si c'est la roue qui fait aller la vis, alors le mouvement de la vis est fort prompt ; c'est pour cette raison qu'on se sert aussi quelquefois de cette machine lorsqu'on veut produire un très-grand mouvement. Leç. de phys. de M. l'abbé Nollet.

VIS SANS FIN, (Horlogerie) c'est une vis dont les pas engrenent dans les dents d'une roue, et qui est tellement fixée entre deux points, qu'elle tourne sur son axe, sans pouvoir avancer ni reculer comme les vis ordinaires.

On l'emploie dans les montres, dans les tournebroches, et dans plusieurs machines de différentes espèces.

Dans les montres elle sert pour bander le grand ressort. Elle a cet avantage sur les encliquetages dont on se servait autrefois, et dont on se sert encore actuellement dans les pendules, voyez PENDULE, qu'on peut par son moyen bander le ressort tant et si peu que l'on veut.

La vis sans fin a deux pivots qui entrent dans les deux pitons a b, et au moyen de deux portées distantes entr'elles d'une quantité égale à l'intervalle de ces deux pitons, elle est retenue entr'eux. Par-là elle est mobîle sur son axe sans pouvoir avancer ni reculer. Les dents de la roue de vis sans fin, fixée sur l'arbre de barillet, entrant dans les pas de cette vis, en la tournant on fait tourner la roue, et par-là on bande le ressort, voyez RESSORT, ROUE DE VIS SANS FIN, etc. Elle a à l'extrémité de son pivot c un carré sur lequel on fait entrer l'outil ou carré à vis sans fin, au moyen de quoi on la fait tourner avec beaucoup de facilité.

Pour qu'une vis sans fin soit bien faite, il faut que ses pas ne fassent pas un trop grand angle avec son axe.

VIS D'ARCHIMEDE ou POMPE SPIRALE, (Mécanique) c'est une machine propre à l'élévation des eaux, inventée par Archimède. Voyez POMPE et SPIRALE.

La description suivante en fera connaître la structure. C'est un tube ou un canal creux qui tourne autour d'un cylindre A B (Pl. hydrauliq. fig. 1.), de même que le cordon spiral dans la vis ordinaire, que l'on a décrite ci-dessus. Le cylindre est incliné à l'horizon sous un angle d'environ 45 degrés. L'orifice du canal B est plongé dans l'eau. Si par le moyen d'une manivelle on fait tourner la vis, l'eau s'élevera dans le tube spiral, et enfin se déchargera en A ; et l'invention de cette machine est si simple et si heureuse, que l'eau monte dans le tube spiral par sa seule pesanteur. En effet lorsqu'on tourne le cylindre, l'eau descend le long du tuyau, parce qu'elle s'y trouve comme sur un plan incliné.

Cette machine est fort propre à élever une grande quantité d'eau avec une très-petite force ; c'est pourquoi elle peut être utîle pour vider des lacs ou des étangs.

Une seule vis ou pompe ne suffit pas, quand il s'agit d'élever l'eau à une hauteur considérable, parce que cette vis étant nécessairement inclinée, ne peut porter l'eau à une grande élévation sans devenir elle-même fort longue et par-là très-pesante, et sans courir les risques de se courber et de perdre son équilibre ; mais alors on peut avec une seconde pompe élever l'eau qu'une première a fournie, et ainsi de suite. Chambers.

M. Daniel Bernoulli, dans la section neuvième de son hydrodynamique, a donné une théorie assez étendue de la vis d'Archimède et des effets qu'elle peut produire.

VIS, (Hydraulique) petit boulon de fer, de cuivre, ou de bois cannelé en ligne spirale, et qui entre dans un écrou qui l'est de même. On s'en sert dans les conduites des tuyaux de fer ou de cuivre, en les faisant passer par les brides, et les serrant fortement. (K)

VIS, (Conchyliologie) en latin turbo ou strombus ; en anglais the screw-shell, genre de coquilles univalves, dont la bouche est tantôt longue, large, aplatie, ronde, dentée, et tantôt sans dents, diminuant vers la base, quelquefois à oreilles, se terminant toujours en une longue pointe très-aiguè.

Aristote, selon Aldrovandus, ne fait aucune distinction des vis appelées turbines, d'avec les turbinées ; elles sont cependant très-différentes. Les vis ont une bouche longue, large, et dentelée, qui diminue vers la base ; elles se terminent de plus en une pointe fort aiguë. Les coquilles au contraire appelées turbinées ou contournées, ne sont pas si pointues ; elles ont le corps gros, la bouche large, et souvent très-allongée, comme celle des buccins. Voyez TURBINEE, coquille.

Rien n'est plus aisé que de confondre la vis avec le buccin : deux auteurs, Rondelet et Aldrovandus, les ont bien confondus, et y ont joint l'épithète de muricatus ; ce qui mêle trois familles ensemble.

Le vrai caractère de ce testacé, est d'avoir la figure extrêmement longue et menue, avec une pointe très-aiguè, des spires qui coulent imperceptiblement sans une grande cavité, la base plate et petite, de même que l'ouverture de la bouche ; une figure qui imite le foret ou l'alène, détermine son caractère générique : il y a des vis marines, fluviatiles, et terrestres ou fossiles.

Lister qui veut que toutes les coquilles longues soient des buccins, appelle une vis dont les intervalles de la spirale sont très-profonds, buccinum intortum, testae aperturâ planâ, seu ore plano, figurâ productiore : combien lui a-t-il fallu de mots pour habiller cette coquille en buccin ? D'autres, F. Columna lui-même, confondent le sabot appelé trochus avec la vis.

Enfin, il est vrai que les espèces de vis sont si nombreuses, qu'il convient de les ranger, comme a fait M. Dargenville, sous certains chefs ou classes.

La première classe est celle des vis à bouche longue sans dents, dont le fût est rayé. Cette classe comprend les espèces suivantes : 1°. le clou marqué de taches bleues ; 2°. l'alène chargée de petites lignes jaunes et perpendiculaires ; 3°. le poinçon tout entouré de points ; 4°. l'aiguille tachetée et cerclée ; 5°. le perçoir entouré de lignes et de points ; 6°. la vis blanche à réseau et grenue ; 7°. la vis vergetée, entourée de cordelettes.

La seconde classe est celle des vis à bouche dentée, dont le fût est aussi rayé ; elle ne contient que deux espèces ; 1°. la vis fasciée et étagée ; 2°. la vis nommée l'enfant-en-maillot.

La troisième classe est des vis faites en pyramide, à bouche aplatie ; on met dans cette classe, 1°. le télescope ridé de sillons en-travers ; 2°. la vis blanche, cerclée de lignes jaunes ; 3°. la pyramide, ou l'obélisque chinois ; 4°. la vis ridée, ornée de cercles élevés, et garnie de pointes ; 5°. la petite tour grenue, entourée de lignes.

Dans la quatrième classe, qui est composée des vis à bouche allongée, on compte les quatre espèces suivantes, nommées tarières ; savoir ; 1°. la tarière ailée ; 2°. la tarière blanchâtre ; 3°. la tarière bariolée ; 4°. la tarière entourée de lignes fauves.

La cinquième classe consistant en vis à bouche aplatie et fort étendue, renferme deux espèces ; 1°. la cheville étagée à bec, à tubercules, marquée de taches brunes et bleues ; 2°. la cheville blanche, à bec, entourée de spires et de tubercules.

La sixième classe est formée de vis à bouche large et ovale ; on y remarque les trois espèces suivantes, nommées rubans ; savoir, 1°. le ruban bariolé de veines noires, jaunes, et rouges ; 2°. le ruban de couleur d'agate, à sommet bariolé ; 3°. le ruban blanchâtre, à sommet coloré.

La septième classe est de vis à bouche ronde ; on rapporte à cette dernière classe ; 1°. la vis de pressoir, creusée profondément ; 2°. la vis de couleur d'os, à vingt tours, tournés différemment ; 3°. la vis dont les tours épais sont blancs et fauves ; 4°. la vis décorée de 17 tours cannelés ; 5°. la vis entourée de 20 tours épais, d'un beau travail ; 6°. la vis brune, à 14 tours rayés ; 7°. la vis à oreille de Rondelet ; 8°. l'escalier de Rumphius entouré de filets blancs : c'est la scalata, qui par sa rareté vaut la peine d'être ici décrite.

Sept spirales coupent toute sa figure pyramidale, qui approche de celle d'un minaret : la dernière revient en cornet, vers sa bouche ovale, dont elle forme le bourrelet. Ces spirales sont coupées par des côtes minces, saillantes, et blanches, sur un fond plus sale ; elles sont séparées les unes des autres d'une manière assez sensible. Ce qui fait la rareté de cette coquille, est que les Indiens la conservent parmi leurs bijoux les plus précieux, et qu'ils la pendent à leur col. Il faut que la scalata ait plus d'un pouce de haut pour être réputée belle ; il n'y a rien de si commun que les petites qui se trouvent même en quantité dans le golfe adriatique, au rapport de Bonanni.

On compare l'animal de la vis à un vermisseau solitaire, se contournant de même que sa coquille qu'il parcourt lorsqu'il est jeune, jusqu'à sa plus petite extrémité. Sa tête a la forme d'un croissant, au sommet duquel sortent deux cornes fort pointues avec deux points noirs qui sont ses yeux placés sur leur côté extérieur, et dans leur renflement ; une fente que l'on remarque sur le haut de la tête, lui sert de bouche, entourée d'un bourrelet, qui a une petite frange au pourtour.

Ces animaux sont de grosseur et de longueur différentes, proportionnées à la coquille qu'ils habitent. Il y en a qui ont 10, 15, jusqu'à 20 spirales saillantes, détachées, et striées profondément. Ils rampent sur une base charnue à la manière des autres testacés, qui se trainent sur un pied. Leur museau en-dehors est bordé de franges, dont les filets ont un mouvement alternatif qui couvre la bouche, et la garantit de tout accident. Dargenville, conchyliologie. (D.J.)

VIS, (Conchyliographie) on nomme ainsi la partie contournée d'une coquille qui se termine en pointe ; les vis d'une coquille sont les contours et les circonvolutions spirales qui forment la volute. (D.J.)

VIS, (Architecture) c'est le contour en ligne spirale du fût d'une colonne torse ; c'est aussi le contour d'une colonne creuse.

Vis potoyere, escalier d'une cave, qui tourne autour d'un noyau, et qui porte de fond sous l'escalier d'une maison. (D.J.)

VIS D'ESCALIER, (Coupe des pierres) c'est un arrangement de marches autour d'un pilier, qu'on appelle le noyau de la vis ; quelquefois le noyau de la vis est supprimé. Les marches alors ne sont soutenues que par leur queue dans le mur de la tour, et en partie sur celles qui sont de suite dès le bas ; alors on l'appelle vis à jour.

Si l'escalier à vis dans une tour ronde, est vouté en berceau tournant et rampant, on l'appelle vis S. Gilles ronde.

Si la tour est carrée, le noyau étant aussi carré, chaque côté étant vouté en berceau, on l'appelle vis S. Gilles carrée. Voyez la figure 19.

VIS, (Outil d'ouvriers) morceau de fer ou d'autre métal, rond, menu, et long, autour duquel règne une cannelure que l'ouvrier fait à la main avec une lime, ou dans les trous d'un instrument qu'on nomme une filière.

Il y a aussi des vis de bois qui servent à plusieurs ouvrages, comme aux presses, aux pressoirs, et à quantité de semblables machines, et instruments de grand volume.

Les vis de fer qu'on fait à la filière, s'engrenent dans des écrous qui se font avec des taraux ; les vis qui se font à la main, sont propres à servir en bois, et sont amorcées par la pointe. La tête des unes et des autres, est presque toujours fendue pour la commodité du tourne-vis. Il y en a cependant plusieurs qui l'ont carrée, et qui se montent avec des clés. Les vis en bois ne se font jamais que de fer ; mais celles à écrous, c'est-à-dire, qui se taraudent à la filière, peuvent être aussi d'or, d'argent, ou de cuivre, suivant les ouvriers et les ouvrages.

Il se fait en Forez quantité de vis en bois de toutes grosseurs, et pour la hauteur, depuis demi-pouce jusqu'à quatre ou cinq pouces. Les quincailliers les achetent de la première main à la grosse de douzaines, et les revendent en détail au compte et à la pièce aux menuisiers et serruriers, à qui elles servent à mettre en place quantité de leurs ouvrages. Les vis à filière, de quelques matières qu'elles soient, se font ordinairement par les ouvriers, à mesure qu'ils en ont besoin ; à la réserve des grandes vis à serrures, à tête plate et carrées, qui se vendent avec leurs écrous par les quincailliers. (D.J.)

VIS DU RESSORT DE BATTERIE, terme d'Arquebusier ; cette vis n'est pas tout à fait si longue que la vis de batterie, et est faite de même, et sert pour assujettir le ressort de batterie d'une façon immobile.

Vis de batterie ; cette vis est un peu longue et a la tête ronde et fendue. Cette vis sert pour attacher la batterie au corps de platine en-dehors, de façon cependant que la batterie peut se mouvoir ; la tête de cette vis relève un peu en-dessus, mais le bout n'excède point en-dedans.

Vis de bassinet ; ces vis sont assez petites, servent à assujettir le bassinet au-dedans du corps de platine ; la tête de ces vis ne sort point, et le bout des vis n'excède point en-dehors.

Vis de ressort à gachette ; cette vis est faite comme la vis du grand ressort, excepté que la tête ne se perd point ; elle sert pour assujettir le ressort à gachette au corps de la platine en-dedans ; mais le bout de la vis n'excède point en-dehors.

Vis de grand ressort ; cette vis est faite comme les autres, et est un peu plus forte ; quand elle est posée la tête excède : elle sert pour assujettir le grand ressort au-dedans du corps de platine, et le bout de la vis ne sort point au-dehors.

Vis de gachette ; cette vis est à-peu-près faite comme les vis de brides, et a la tête moins épaisse, et faite pour entrer tout à fait dans le trou de la gachette ; elle sert pour assujettir la gachette au corps de platine, de façon que la gachette peut tourner sur la vis, et peut être mobîle ; cette vis n'excède point en-dehors sur le corps de platine.

Vis de brides ; ce sont deux petites vis dont la tête est un peu plus forte que le corps, ronde et plate, fendue par en-haut, et un peu épaisse ; ces vis servent pour attacher la bride sur le corps de platine, et ne débordent point en-dehors.

Vis de plaque ; ces vis sont un peu plus petites que la vis à culasse, et ont la tête ronde ; elles ne diffèrent en rien des autres vis, et servent à assujettir la plaque sur la crosse du fusil.

Vis de culasse ; cette vis se place dans le trou qui est à la lame de la culasse, sert pour assujettir par enbas le canon du fusil avec le bois ; cette vis a la tête fendue, ronde et plate, de façon que quand elle est posée elle ne se lève pas au-dessus de la pièce qu'elle assujettit ; elle est un peu moins longue que les grandes vis.

Vis grandes ; ce sont deux morceaux de fer ronds, qui ont une tête ronde, fendue par le milieu pour y placer le tourne-vis, et les tourner selon le besoin ; le bout d'en-bas est plus menu et garni de vis, et sert pour attacher la platine au bois du fusil : elles vont se joindre au porte-vis qui leur sert d'écrou. On les appelle grandes-vis, parce qu'elles sont plus grandes que toutes celles qui servent à la monture d'un fusil.

VIS, partie du métier à bas ; il y a la vis de grille, la vis de marteau. Voyez METIER A BAS.

VIS, (Outil à polir les bouts des), c'est un instrument représenté dans nos Planches de l'Horlogerie, dont les horlogers se servent pour polir les bouts des vis. Il est fort commode en ce que l'on peut y en faire tenir de toutes sortes. La pièce E F, comme on voit, entre à vis par la partie F sur la vis V V, l'autre E reçoit la vis S dont on veut polir le bout, et qui est contenue dans la place par la vis V V qui a une meche m, qui semblable à celle d'un tourne-vis, entre dans la fente de sa tête en tournant la pièce E F d'un côté ou de l'autre, on serre plus ou moins fort la vis m contre la partie E de la pièce E F.

VIS, (Outil à polir les), représenté dans nos Pl. d'Horlogerie, espèce de tenaille à boucle dont les horlogers se servent pour polir leurs vis ; le trou T que l'on voit au centre des mâchoires lorsqu'elles sont fermées est taraudé ; on y met la vis, et appuyant contre sa tête une pierre à l'huile, ou un bois enduit des matières propres à polir, au moyen des cuivrots A A A, et de la pointe p, on polit cette tête de la même manière qu'on perce un trou avec un foret. Voyez FORET.

VIS, (arbre à), espèce d'arbre dont les horlogers et d'autres artistes se servent pour tourner des pièces dont le trou a peu d'épaisseur, et qui ne pourraient que difficilement être fixées sur un arbre et y rester droites.

On fait entrer la pièce à tourner sur le pivot A, fort juste, et par le moyen de l'écrou on la serre fortement contre l'assiette C C ; par ce moyen on remedie aux inconvénients dont nous avons parlé.

VIS, (Imprimerie) pièce principale d'une presse d'Imprimerie ; c'est la partie supérieure de l'arbre avec lequel elle fait, ainsi qu'avec le pivot, une seule et unique pièce, mais que l'on distingue, parce que dans cette même pièce il se trouve trois parties qui ont chacune une dénomination particulière que leur donne leur structure et leur usage. Voyez ARBRE et PIVOT. La vis porte quatre à cinq pouces de long sur neuf à dix pouces de circonférence ; elle forme par la partie qui l'unit à l'arbre jusqu'à son extrémité une espèce de cylindre, du haut duquel partent quatre filets qui décrivent chacun une ligne spirale, et viennent se terminer à son extrémité inférieure ; ces filets rendent le coup de la presse plus ou moins doux, selon qu'ils sont plus ou moins couchés. Voyez ECROU. Voyez Pl. de l'Imprimerie.

VIS à tête ronde, (Serrurerie) c'est une vis, c'est-à-dire un cylindre environné d'une cannelure qui est tourné dans un écrou, et qui sert à attacher une serrure, un verrou, etc. Il y a deux sortes de vis de cette espèce, des vis à tête carrée, dont les grandes servent à attacher les serrures, et dont la tête entre de son épaisseur dans le bois, et des vis à tête perdue, dont la tête n'excède point le parement de ce qu'elle attache ou retient.