Histoire moderne

ou SOPHÉES, s. m. (Histoire moderne) espèce d'ordre de religieux mahométants en Perse, qui répond à celui qu'on appelle dervis, chez les Turcs et les Arabes ; et fakirs, chez les Indiens. Voyez DERVIS et FAKIRS.

Quelques-uns prétendent qu'on les nomme sophis, à cause d'une espèce d'étoffe qu'ils portent qu'on appelle souf, parce qu'elle se fabrique dans la ville de Souf, en Syrie ; d'autres, parce qu'ils ne portent par humilité à leur turban, qu'une étoffe de laine qu'on nomme en arabe, sophi ; d'autres enfin veulent que ce soit du mot arabe sophie, qui signifie pur et simple, parce qu'ils professent la pure religion de Mahomet, qui est selon eux celle de la secte d'Aly.

S. f. (Histoire moderne) collège de théologie, fameux dans l'université de Paris, et qui tire son nom de Robert de Sorbon son fondateur. Celui-ci, qui était confesseur et aumonier du roi S. Louis, ayant formé en 1256, le dessein d'établir un collège en faveur de 16 pauvres étudiants en théologie, 4 de chaque nation de l'université, le roi donna à ce collège plusieurs maisons qui étaient de son domaine dans la rue Coupe-gueule, vis-à-vis le palais des Thermes, et au moyen de quelques échanges de rentes, Robert de Sorbon fit bâtir dans cet emplacement ce collège pour 16 écoliers et un proviseur, c'est-à-dire, un principal ou supérieur. On les appelait les pauvres de Sorbonne, et leur maison la pauvre Sorbonne, pauper Sorbonna. Mais par la suite elle s'enrichit, et de collège destiné à loger des étudiants, elle devint une société particulière dans la faculté de théologie de Paris, et une retraite pour un certain nombre de docteurs et de bacheliers de cette maison. Cependant elle s'était toujours maintenue dans son ancienne simplicité, jusqu'au temps que le cardinal de Richelieu la fit rebâtir avec une magnificence, qui seule serait capable d'immortaliser son nom : ce qu'on y admire le plus c'est l'église dans laquelle est le mausolée de ce cardinal. Trais grands corps de logis comprennent, outre la bibliothèque, la salle des actes, la salle à manger, les cuisines, etc. trente-six appartements pour les docteurs et bacheliers de la maison, et ces appartements sont donnés à l'ancienneté. Pour être admis dans cette maison, dès qu'on a été reçu bachelier en théologie, il faut professer un cours de philosophie dans quelque collège de l'université, cependant on postule, ou, comme on dit, on supplie pour être agrégé à la maison et société, et l'on soutient un acte que l'on appelle Robertine, du nom du fondateur, ce que les bacheliers font ordinairement avant que d'entrer en licence. De ceux qui sont de la maison, on en distingue de deux sortes ; les uns sont de la société, et ont droit de demeurer en Sorbonne, et de donner leur suffrage dans les assemblées de la maison, les autres sont de l'hospitalité, c'est-à-dire, agrégés à la maison sans être de la société. On les appelle ordinairement docteurs licenciés ou bacheliers de la maison et société de Sorbonne. Mais leur véritable titre, et celui qu'ils prennent dans les actes de la faculté, est docteurs licenciés et bacheliers de la faculté de théologie de Paris, de la maison et société de Sorbonne ; ce qu'on exprime en latin par doctor, licentiatus, ou baccalaureus theologus sacrae facultatis Parisiensis, socius Sorbonicus. On donne aussi communément aux autres docteurs de la faculté le titre de docteur de Sorbonne ; et bien des gens en prennent occasion de penser que la maison de Sorbonne a quelque supériorité dans la faculté de théologie de Paris. Cette maison respectable par les hommes célèbres qu'elle a produits, par les savants qui la composent, et par ceux qu'elle forme encore tous les jours, n'est après tout qu'une société particulière, comme plusieurs autres, et surtout celle de Navarre, qui composent le corps de la faculté de théologie avec une autorité et des fonctions parfaitement égales dans les assemblées, et les autres actes de faculté. Il est vrai encore que les assemblées soit ordinaires, soit extraordinaires de la faculté se tiennent dans la grande salle de Sorbonne ; mais cet usage ne tire point à conséquence, parce qu'elle s'assemblait autrefois aux mathurins, et qu'elle peut encore s'assembler dans telle maison de son corps qu'elle juge à-propos.

S. f. (Histoire moderne) c'est ainsi que les Turcs nomment une aigrette faite de plumes, et ornée de pierreries que l'on porte au turban. Le sultan seul a le droit d'en porter trois. Les grands pachas ou gouverneurs d'Egypte, de Babylone et de Damas en portent une seule du côté gauche ; les officiers d'un moindre rang portent aussi une aigrette, mais elle est toute simple.
ou SUBA, s. m. (Histoire moderne) c'est ainsi qu'on nomme dans l'Indostan des espèces de vice-rais ou de gouverneurs généraux, qui ont sous leurs ordres des gouverneurs particuliers, que l'on nomme nababs ; ils sont nommés par le grand-mogol.
S. m. (Histoire moderne) ou comme on le trouve dans nos vieux auteurs soldan, et en latin soldanus ; était le nom qu'on donnait autrefois aux lieutenans généraux des califes dans leurs provinces et dans leurs armées ; mais la puissance des califes étant déchue peu-à-peu par diverses révolutions, et surtout par la trop grande étendue de pays soumis à leur domination, ces lieutenans généraux s'érigèrent en souverains. Saladin, général des troupes de Noradin roi de Damas, prit ce titre, et fut le premier soudan d'Egypte. Les empereurs turcs détruisirent toutes les petites dinasties que les soudants avaient fondées dans l'Asie mineure, comme celles de Cogni, de Caramanie, etc. et soumirent aussi celles d'Egypte en 1516. Pour l'étymologie du mot soudan, voyez SULTAN.