S. f. (Morale) l'affabilité est une qualité qui fait qu'un homme reçoit et écoute d'une manière gracieuse ceux qui ont affaire à lui.

L'affabilité nait de l'amour de l'humanité, du désir de plaire et de s'attirer l'estime publique.

Un homme affable prévient par son accueil ; son attention le porte à soulager l'embarras ou la timidité de ceux qui l'abordent. Il écoute avec patience, et il répond avec bonté aux personnes qui lui parlent. S'il contredit leurs raisons, c'est avec douceur et avec ménagement ; s'il n'accorde point ce qu'on lui demande, on voit qu'il lui en coute ; et il diminue la honte du refus par le déplaisir qu'il parait avoir en refusant.

L'affabilité est une vertu des plus nécessaires dans un homme en place. Elle lui ouvre le chemin à la vérité, par l'assurance qu'elle donne à ceux qui l'approchent. Elle adoucit le joug de la dépendance, et sert de consolation aux malheureux. Elle n'est pas moins essentielle dans un homme du monde, s'il veut plaire ; car il faut pour cela gagner le cœur, et c'est ce que sont bien éloignés de faire les grandeurs toutes seules. La pompe qu'elles étalent offusque le sensible amour-propre ; mais si les charmes de l'affabilité en tempèrent l'éclat, les cœurs alors s'ouvrent à leurs traits, comme une fleur aux rayons du soleil, lorsque le calme régnant dans les cieux, cet astre se lève dans les beaux jours d'été à la suite d'une douce rosée.

La crainte de se compromettre n'est point une excuse recevable. Cette crainte n'est rien autre chose que de l'orgueil. Car si cet air fier et si rebutant que l'on voit dans la plupart des grands, ne vient que de ce qu'ils ne savent pas jusqu'où la dignité de leur rang leur permet d'étendre leurs politesses ; ne peuvent-ils pas s'en instruire ? D'ailleurs ne voient-ils pas tous les jours combien il est beau et combien il y a à gagner d'être affable, par le plaisir et l'impression que leur fait l'affabilité des personnes au-dessus d'eux ?

Il ne faut pas confondre l'affabilité avec un certain patelinage dont se masque l'orgueil des petits esprits pour se faire des partisans. Ces gens-là reçoivent tout le monde indistinctement avec une apparence de cordialité ; ils paraissent prévenus en faveur de tous ceux qui leur parlent, ils ne désapprouvent rien de ce qu'on leur propose ; vous diriez qu'ils vont tout entreprendre pour vous obliger. Ils entrent dans vos vues, vos raisons, vos intérêts ; mais ils tiennent à tous le même langage ; et le contraire de ce qu'ils ont agréé, reçoit, le moment d'après, le privilège de leur approbation. Ils visent à l'estime publique, mais ils s'attirent un mépris universel. Article de M. MILLOT, curé de Laisey, diocèse de Toul.