S. f. (Morale) Ainsi que la plupart des passions, l'amour desordonné des richesses n'est vice que par son excès : corrigé par une sage modération, il redeviendrait une affection innocente. L'or ou l'argent étant, en conséquence d'une convention générale, la clé du commerce et l'instrument de nos besoins ; il n'est pas plus criminel d'en désirer, que de souhaiter les choses mêmes qu'on acquiert avec ces métaux.

Tout amour immodéré des richesses est vicieux, mais n'est pas toujours avarice. L'avare, à proprement parler, est celui qui, pervertissant l'usage de l'argent, destiné à procurer les nécessités de la vie, aime mieux se les refuser, que d'altérer ou ne pas grossir un thresor qu'il laisse inutile. L'illusion des avares est de prendre l'or et l'argent pour des biens, au lieu que ce ne sont que des moyens pour en avoir

Ceux qui n'aiment l'argent que pour le dépenser, ne sont pas véritablement avares ; l'avarice suppose une extrême défiance des événements, et des précautions excessives contre les instabilités de la fortune.

L'avarice produit souvent des effets contraires : il y a un nombre infini de gens qui sacrifient tout leur bien à des espérances douteuses et éloignées ; d'autres méprisent de grands avantages à venir pour de petits intérêts présents. (X)