CHESEAU, ou CHESEOLAGE, s. m. (Jurisprudence) dérivé du latin casa, qui signifie case ou petite maison ; d'où l'on a fait dans la basse latinité casale, casalagium, et dans les anciennes coutumes et anciens titres, chesal ou chezal, cheseau, ou cheseolage. Ces termes signifiaient une habitation en général ; c'est de-là que quelques lieux ont encore conservé le surnom de chezal, comme l'abbaye de Chezal-Benait. Mais on s'en servait plus communément pour désigner l'habitation et le tenement des hommes de condition servile, comme étant ordinairement de petites cases ou habitations peu considérables ; c'est la même chose que l'on appelle ailleurs mas ou max, mex ou meix. Lorsque les seigneurs affranchirent leurs serfs, ils se réservèrent les mêmes droits qu'ils avaient sur leurs tenements, qui retinrent toujours le nom de cheseaux. Les privilèges accordés aux habitants de Saint-Palais, et qui se trouvent entre les anciennes coutumes de Berri, publiées par M. de la Thaumassière, p. 112. font mention de ces cheseaux en ces termes : Quod pro quolibet casali sito in censibus nostris et rebus pertinentibus ad casale ; quod casale cum pertinentiis tenebant homines quondam tailliabiles, reddent nobis viginti bosselli avenae, et viginti denarii turonenses censuales accordabiles, vel tantùm, seu pro ratâ quam tenebunt de casali.

L'article 2. de la coutume de la prevôté de Troi en Berri dit : " Item, par ladite coutume et droit prescrit de temps immémorial, ledit seigneur a droit de prendre sur chacun cheseau étant audit censif, six boisseaux de marseche, et trois deniers parisis de cens accordables, payables comme dessus ; et pour demi-cheseau, trois boisseaux de marseche, et un denier obole parisis ; et pour un tiers ou quart, à la raison dessus dite ", etc.

Comme les seigneurs levaient des droits égaux sur tous les cheseaux, ainsi qu'il parait par ces deux articles, il y a quelque apparence que les cheseaux étaient originairement d'une valeur égale, aussi-bien que les mas ou meix ; c'était une distribution égale de terres ou tenements que le seigneur avait faite à ses serfs, en les affranchissant. Chaque particulier y construisit des bâtiments pour se loger, que l'on appela un chesal ; et ces cheseaux, avec les terres en dépendantes, se partagèrent ensuite. Voyez MAS, MEX, MEIX, MIX, AZERAZER. (A)