S. f. (Economie rustique) panier à serrer et nourrir des mouches à miel ; il n'y a rien de décidé, ni pour la matière, ni pour la forme des ruches ; on en fait de planches, de pierre, de terre cuite, de troncs ou d'écorces d'arbres, de paille, d'éclisse, d'osier, et de verre, pour voir travailler les abeilles. Il y en a de rondes, de carrées, de triangulaires, de cylindriques, de pyramidales, etc. Celles de paille sont les meilleures, et coutent le moins. Elles sont chaudes, maniables, propres aux abeilles, résistent aux injures du temps, et ne sont point sujettes à la vermine ; les mouches s'y plaisent, et y travaillent mieux que dans toute autre sorte de ruches.

Pour faire des ruches de planches, on prend du chêne, du hêtre, du châtaigner, du noyer, du sapin, ou du liege ; il s'agit principalement de bien joindre les planches, pour qu'il n'y entre ni jour, ni vent, ni pluie. Bien des gens condamnent l'usage des ruches de poterie, parce qu'elles conservent trop longtemps le froid de la nuit, et s'échauffent trop au soleil. On prévient pourtant ces inconvénients en les plaçant en-dehors.

Du reste on met dans chaque ruche, quelle qu'en soit la matière, deux bâtons posés en croix, pour que l'ouvrage des mouches soit plus ferme.

Il y a des ruches de grandeurs différentes ; le principal est de les faire toujours un tiers plus hautes que larges, et d'en façonner le dessus en voute pour les rendre plus commodes, et l'assiette large, pour que rien ne les ébranle. Les grandes ruches sont de quinze pouces de large sur vingt-trois de haut. C'est dans celles-ci qu'on doit mettre les essaims qui viennent jusqu'au milieu de Juin. Les ruches moyennes doivent avoir treize pouces de largeur sur vingt de hauteur ; on y met les essaims produits depuis la mi-Juin jusqu'au premier Juillet. Les petites ruches ne doivent avoir que treize pouces de large sur dix-sept de haut ; c'est dans cette troisième sorte de ruche qu'on met les derniers essaims. Tout curieux de la culture des abeilles se pourvait de ces trois sortes de ruches pour les différents temps.

Si les ruches sont faites d'osier, de troesne, ou autre branchage, il faut les enduire en-dehors de cendres de lessive ou de terre rouge, dont on fait un mortier avec de la bouze de vache, pour les garantir des vers tout-autour. Quand les ruches sont bien enduites et seches, avant que de s'en servir, on les passe légérement sur de la flamme de paille, et puis on les frotte en-dedans avec des feuilles de coudrier et de mélisse.

Il faut que les ruches soient posées sur des sieges ou bancs élevés de terre d'un bon pied, pour que les crapauds, les souris et les fourmis n'y puissent pas monter. Le siege, soit qu'il soit de pierre, de bois, de terre, ou de tuilots, doit être bien uni, surtout à l'endroit sur lequel on pose la ruche. Il est bon aussi que la surface du pied sur laquelle la ruche est assise, soit convexe, pour qu'il s'y amasse moins d'humidité ; par la même raison, si on met les ruches sur des planches, il faut y faire deux égouts en forme de croix, pour l'écoulement des eaux. Il y a bien des gens, surtout dans les pays qui ne sont pas fort chauds, qui mettent les ruches sous des appentis ou auvents faits exprès pour les défendre de la pluie et des orages. Ces auvents garantissent aussi les abeilles des grandes chaleurs et des grands vents, et facilitent leur entrée dans les ruches.

Chaque ruche ne doit avoir régulièrement qu'une ouverture qui serve d'entrée aux abeilles ; on met ordinairement cette ouverture au bas de la ruche, et on la fait petite, pour que l'humidité, l'air, et les vents aient moins de prise sur la ruche. S'il se formait quelqu'autre trou à la ruche ou au siege, il faut avoir soin de le bien boucher avec du mastic. Quand on a une grande quantité d'abeilles, on range les ruches dans un bel emplacement en forme d'amphithéâtre, en sorte qu'entre chaque banc il y ait un passage par où l'on puisse visiter les ruches, et que ces ruches soient rangées en échiquier, ou en quinconce, sans que les rangs se touchent, afin qu'elles reçoivent le soleil également et à plein. Enfin il faut avoir soin de visiter les ruches deux ou trois fois le mois, depuis le commencement du printemps jusqu'à l'automne. Dictionnaire économique. (D.J.)

RUCHE, s. f. (Mesure seche) mesure dont on se sert dans les sauneries et salines de Normandie. C'est une espèce de boisseau qui contient vingt-deux pots d'Argnes, pesant cinquante livres ou environ, mesure rase. Savary. (D.J.)

RUCHE, voyez ROUCHE.