S. m. (Morale) ce mot, pris dans le sens le plus général, désigne la pente de l'âme vers un objet qu'elle se représente comme un bien ; car cette représentation du bien est la raison suffisante qui détermine notre appétit, et l'expérience le prouve continuellement. Quel que soit l'objet que nous appétons, eut-il tous les défauts imaginables, dès-là que notre âme se porte vers lui, il faut qu'elle s'y représente quelque sorte de bien, sans quoi elle ne sortirait pas de l'état d'indifférence.

Les scolastiques ont distingué un double appétit, concupiscible et irascible ; le premier, c'est l'appétit proprement dit, la détermination vers un objet en tant qu'elle procede des sens ; l'appétit irascible, c'est l'aversion ou l'éloignement.

A cette distinction des écoles, nous en substituerons une autre plus utîle entre l'appétit sensitif et l'appétit raisonnable. L'appétit sensitif est la partie inférieure de la faculté appétitive de l'âme ; cet appétit nait de l'idée confuse que l'âme acquiert par la voie des sens. Je bois du vin que mon goût trouve bon ; et le retour de cette idée que mon goût m'a donné, me fait naître l'envie d'en boire de nouveau. C'est à ce genre d'appétit que se bornent la plupart des hommes, parce qu'il y en a peu qui s'élèvent au-dessus de la région des idées confuses. De cette source féconde naissent toutes les passions.

L'appétit raisonnable est la partie supérieure de la faculté appétitive de l'âme, et elle constitue la volonté proprement dite. Cet appétit est l'inclination de l'âme vers un objet à cause du bien qu'elle reconnait distinctement y être. Je feuillette un livre, et j'y aperçais plusieurs choses excellentes, et dont je puis me démontrer à moi-même l'utilité ; là-dessus je forme le dessein d'acheter ce livre ; cet acte est un acte de volonté, c'est-à-dire d'appétit raisonnable. Le motif ou la raison suffisante de cet appétit est donc la représentation distincte du bien attaché à un objet. Le livre en question enrichira mon âme de telles connaissances, il la délivrera de telles erreurs ; l'énumération distincte de ces idées est ce qui me détermine à vouloir l'acheter ; ainsi la loi générale de l'appétit, tant sensitif que raisonnable, est la même. Quidquid nobis repraesentamus tanquam bonum quoad nos, id appetimus. Lisez la Psychol. de M. Wolf, part. II. sect. I. ch. IIe (X)