S. f. (Commerce) société de villes unies par un intérêt commun pour la protection de leur commerce. Hanse, dans la langue allemande, signifie ligue, société. Cette association se fit d'abord entre les villes de Hambourg et de Lubeck en 1241, par un traité dont les conditions étaient, 1°. Que Hambourg nettoyerait de voleurs et de brigands le pays d'entre la Thrave, rivière qui coule à Lubeck et à Hambourg, et qu'elle empêcherait depuis cette dernière ville jusqu'à l'Océan, les pirates voisins de faire des courses sur l'Elbe. 2°. Que Lubeck payerait la moitié des frais de cette entreprise. 3°. Que ce qui regarderait le bien particulier de ces deux villes, serait concerté en commun, et qu'elles uniraient leurs forces pour maintenir leur liberté et leurs privilèges.

Dès qu'on vit Hambourg et Lubeck s'accroitre par le commerce, que cette union rendait plus sur et plus facîle ; les villes voisines, savoir celles de la Saxe et de la Vandalie, attirées par une prospérité si prompte, demandèrent à être admises dans l'alliance, et l'obtinrent. Bien-tôt, par les mêmes raisons, cette association de commerce s'étendit au loin ; et cette compagnie de villes liées d'intérêts, établit des étapes en divers royaumes, savoir Bruges en Flandres, Londres en Angleterre, Bergen en Norvège, Novogorod en Russie. C'étaient-là autant de comptoirs généraux, où se portaient les marchandises des contrées voisines pour passer plus commodément par-tout où les intéressés en auraient besoin.

Les princes, qui n'y considéraient d'abord qu'une société lucrative, furent les premiers à souhaiter que leurs villes y entrassent, et en effet il ne s'agissait que de cela. La protection mutuelle des libertés de chaque ville n'était pas un engagement général qu'eut pris toute la hanse ; et si on trouve que quelques villes en ont protégé d'autres associées, il se trouve aussi grand nombre d'occasions, où la hanse n'a rien fait pour les villes de l'association qui étaient opprimées.

Les souverains de divers pays désirant d'attirer chez eux par les sollicitations de leurs sujets, le commerce de la hanse, lui accordèrent plusieurs privilèges. On a des lettres patentes des rois de France en faveur des Osterlins, c'est ainsi qu'on nommait les négociants des villes hanséatiques, du mot ost, qui veut dire l'orient, d'où vient ostsée, qui signifie la mer Baltique. Ces lettres sont entr'autres de Louis XI. en 1464, et en 1483, peu avant sa mort, et de Charles VIII. en 1489.

Le fort de la hanse était en Allemagne, où elle a commencé, et où elle conserve encore une ombre de son ancien gouvernement. Les quatre métropoles étaient Lubeck, Cologne, Brunswick et Dantzig. Bruges ne fut pas la seule dans les Pays-bas ; Dunkerque, Anvers, Ostende, Dordrecht, Rotterdam, Amsterdam, se voient sur d'anciennes listes comme villes hanséatiques, aussi-bien que Calais, Rouen, Saint-Malo, Bordeaux, Bayonne et Marseille en France ; Barcelone, Séville et Cadix en Espagne ; Lisbonne en Portugal ; Livourne, Messine et Naples en Italie ; Londres en Angleterre, etc.

Cependant plusieurs choses concoururent à affoiblir cette société. La boussole ouvrit le spectacle des Indes orientales et occidentales : alors quelques princes trouvèrent mieux leur compte à favoriser le commerce particulier de leurs sujets. Il se forma dans leurs états des compagnies qui firent non seulement le commerce ordinaire de l'Europe, mais des découvertes, des acquisitions, des établissements en Afrique, aux Indes orientales et en Amérique ; ainsi l'on vit se détacher de gros chainons de la hanse. D'un autre côté, Charles-quint, ennemi de toute société qui ne servait pas directement à ses vues ambitieuses, réduisit lui-même celle-ci à très-peu de chose dans ses états. Des souverains d'Allemagne, moins sages encore, au lieu de conserver les privilèges que leurs ancêtres avaient accordés aux villes pour l'encouragement du commerce, et qui les avaient enrichis, ne songèrent qu'à subjuguer ces villes, sous prétexte de leur orgueil et de leurs mutineries. Enfin, quelques autres perdant de leur éclat par les vicissitudes des choses humaines, et n'étant plus en état de payer leur part des contributions, se retirèrent d'elles-mêmes d'une société qui leur était onéreuse : ainsi la hanse qui avait Ve jusqu'à quatre-vingt villes sur sa liste, commença à décheoir au commencement du XVIe siècle, et finit comme le Rhin, qui n'est plus qu'un ruisseau lorsqu'il se perd dans l'Océan.

Envain parla-t-on de rétablir la hanse en 1560 ; envain fit-on des projets pour y parvenir en 1571 ; envain proposa-t-on des formules de son renouvellement en 1579 ; envain imagina-t-on un nouveau plan à ce sujet en 1604 ; son règne était passé, et peu de villes souscrivirent aux plans proposés. Louis XIV. faisait des traités avec la hanse, lorsqu'il n'y avait plus de villes hanséatiques dans son royaume, et que les villes d'Allemagne, qui seules conservaient une ombre de l'ancienne hanse, voyaient resserrée leur association de trafic dans la partie septentrionale de l'empire ; encore depuis ce temps-là quelques villes en ont été démembrées. La Suède ayant acquis Riga en Livonie, et Wismar en basse Saxe ; ces deux villes, qui étaient hanséatiques, sont devenues de simples villes de guerre, quoique le port de Riga ait toujours servi au commerce. En un mot, l'ancien gouvernement hanséatique ne subsiste plus qu'à Lubeck, à Hambourg et à Brème : ce sont les seules trois villes qui conservent encore ce titre, avec une espèce de liaison et des usages dont nous ne donnerons point ici l'exposé, mais qu'on trouvera dans l'Histoire de l'Empire par M. Heiss. (D.J.)

* HANSE, (Commerce) se dit de quelques impositions assises en différents endroits sur des marchandises à péages ; les bateaux paient un droit de hanse la première fois qu'ils arrivent à Paris, et autres lieux où il y a droit de péage. La hanse est aussi la quittance en parchemin d'un droit que tout négociant par eau paye au port S. Nicolas, et ce droit fait partie du domaine de la ville.

* HANSE. Les Epingliers appellent ainsi les branches de l'épingle empointée, lorsqu'elle n'a plus besoin pour être ferrée que d'être entêtée. Voyez ENTETES, EMPOINTES, EPINGLE.