adj. (Jurisprudence) Les héritages défensables sont ceux dont l'usage n'est pas abandonné à chacun pour y faire paitre ses bestiaux, ou du moins qui sont en défends pendant un certain temps.

Les coutumes contiennent diverses dispositions à ce sujet, et imposent des peines à ceux qui font paitre leurs bestiaux dans des héritages défensables, pendant le temps qu'ils sont en défends. Voyez le gloss. de Ducange, au mot DEFENSA. (A)

DEFENSE DE SOI-MEME, (Religion, Morale, Droit nat. et civ.) action par laquelle on défend sa vie, soit par des précautions, soit à force ouverte, contre des gens qui nous attaquent injustement.

Le soin de se défendre, c'est-à-dire de repousser les maux qui nous menacent de la part d'autrui, et qui tendent à nous perdre ou à nous causer du dommage dans notre personne, est une suite nécessaire du soin de se conserver, qui est inspiré à chacun par un vif sentiment de l'amour de soi-même, et en même temps par la raison. Mais comme il résulte souvent un conflit apparent entre ce que l'on se doit et ce que l'on doit aux autres, par la nécessité où l'on se trouve contraint, ou de repousser le danger dont on est menacé, en faisant du mal à celui qui veut nous en faire ; ou de souffrir un mal considérable, et quelquefois même de périr : nous allons tâcher d'indiquer comment on a droit de ménager la juste défense de soi-même dans l'état naturel et dans l'état civil.

On se défend, ou sans faire du mal à l'aggresseur, en prenant des précautions contre lui ; ou bien en lui faisant du mal jusqu'à le tuer, lorsqu'il n'y a pas moyen de se tirer autrement du péril : car quelque injuste que soit l'entreprise d'un aggresseur, la sociabilité nous oblige à l'épargner, si on le peut, sans en recevoir un préjudice considérable. Par ce juste tempérament on sauve en même temps les droits de l'amour propre et les devoirs de la sociabilité.

Mais quand la chose est impossible, il est permis dans certaines occasions de repousser la force par la force, même jusqu'à tuer un injuste aggresseur. Les lois de la sociabilité sont établies pour la conservation et l'utilité commune du genre humain, et on ne doit jamais les interprêter d'une manière qui tende à la destruction de chaque personne en particulier. Tous les biens que nous tenons de la nature ou de notre propre industrie, nous deviendraient inutiles, si lorsqu'un injuste aggresseur vient nous en dépouiller, il n'était jamais juste d'opposer la force à la force ; pour lors le vice triompherait hautement de la vertu, et les gens de bien deviendraient sans ressource la proie infaillible des mécans. Concluons que la loi naturelle, qui a pour but notre conservation, n'exige point une patience sans bornes, qui tendrait manifestement à la ruine du genre humain. Voyez dans Grotius les solides réponses qu'il fait à toutes les objections contre le droit de se défendre.

Je dis plus : la loi naturelle ne nous permet pas seulement de nous défendre, elle nous l'ordonne positivement, puisqu'elle nous prescrit de travailler à notre propre conservation. Il est vrai que le Créateur y a pourvu par l'instinct naturel qui porte chacun à se défendre, en sorte qu'on péchera plutôt de l'autre côté que de celui ci ; mais cela même prouve que la juste défense de soi-même n'est pas une chose absolument indifférente de sa nature, ou seulement permise.

Il est vrai cependant que non-seulement l'on peut dans l'état de nature, mais que l'on doit même quelquefois renoncer aux droits de se défendre. De plus, on ne doit pas toujours en venir à la dernière extrémité contre un injuste aggresseur ; il faut au contraire tâcher auparavant de se garantir de ses insultes par toutes autres voies plus sures et moins violentes. Enfin la prudence et la raison veulent encore que l'on prenne le parti de se tirer d'affaire en souffrant une légère injure, plutôt que de s'exposer à un plus grand danger en se défendant mal-à-propos.

Mais si dans l'état naturel on a droit de repousser le danger présent dont on est menacé, l'état civil y met des bornes. Ce qui est légitime dans l'indépendance de l'état de nature, où chacun peut se défendre par ses propres forces et par les voies qu'il juge les plus convenables, n'est point permis dans une société civile, où ce droit est sagement limité. Ici on ne peut légitimement avoir recours pour se défendre, aux voies de la force, que quand les circonstances seules du temps ou du lieu ne nous permettent pas d'implorer le secours du magistrat contre une insulte qui expose à un danger pressant notre vie, nos membres, ou quelqu'autre bien irréparable.

La défense naturelle par la force a lieu encore dans la société civile, à l'égard des choses qui, quoique susceptibles de réparations, sont sur le point de nous être ravies, dans un temps que l'on ne connait point celui qui veut nous les enlever, ou qu'on ne voit aucun jour à espérer d'en tirer raison d'une autre manière ; c'est pour cela que les lois de divers peuples, et la loi même de Moyse, permettaient de tuer un voleur de nuit. Dans l'état civil, comme dans l'état de nature, après avoir pris toutes les précautions imaginables, mais sans succès, pour nous garantir des insultes qui menacent nos jours, il est alors toujours permis de se défendre à main armée, contre toute personne qui attaque notre vie, soit qu'elle le fasse malicieusement et de propos délibéré, ou sans en avoir dessein ; comme, par exemple, si l'on court risque d'être tué par un furieux, par un fou, par un lunatique, ou par un homme qui nous prend pour un autre auquel il veut du mal, ou qui est son ennemi. En effet, il suffit pour autoriser la défense de sa vie, que celui de la part de qui on est exposé à ce péril, n'ait aucun droit de nous attaquer, et que rien ne nous oblige d'ailleurs à souffrir la mort sans aucune nécessité.

Il parait même que les droits de la juste défense de ses jours ne cessent point, si l'aggresseur injuste qui veut nous ôter la vie par la violence, se trouve être un supérieur : car du moment que ce supérieur se porte malicieusement ou de propos déliberé à cet excès de fureur, il se met en état de guerre avec celui qu'il attaque ; de sorte que l'inférieur prêt à périr, rentre dès-lors dans les droits de la nature.

Nous avons dit ci-dessus que l'on peut se défendre à main armée, pour prévenir la perte de quelque membre de notre corps. En effet, les lois civiles, d'accord avec les lois naturelles, n'obligent point les citoyens à se laisser mutiler, plutôt que de prévenir les effets d'une pareille violence : car comment s'assurer qu'on ne mourra pas de la mutilation ou de la blessure ? et le législateur peut-il favoriser les entreprises d'un scélérat, quoique par ses entreprises il n'ôte pas nécessairement la vie.

La défense de l'honneur autorise pareillement à en venir aux dernières extrémités, tout de même que si l'on était attaqué dans la perte de ses membres ou dans sa propre vie. Le bien de la société demande que l'honneur du sexe, qui est son plus bel ornement, soit mis au même rang que la vie, parce que c'est un acte infâme d'hostilité, une chose irréparable, qui par conséquent autorise l'action de se porter dans ce moment aux dernières extrémités contre le coupable : l'affront est d'autant plus grand, qu'il peut réduire une femme vertueuse à la dure nécessité de susciter de son propre sang des enfants à un homme qui agit avec elle en ennemi.

Mais, d'un autre côté, il faut bien se garder de placer l'honneur dans des objets fictifs, dans de fausses vues du point d'honneur, qui sont le fruit de la barbarie, le triomphe de la mode, dont la raison et la religion condamnent la vengeance, parce que ce ne sont que des outrages vains et chimériques, qui ne peuvent véritablement déshonorer. L'honneur serait sans contredit quelque chose de bien fragile, si la moindre insulte, un propos injurieux, ou insolent, était capable de nous le ravir. D'ailleurs, s'il y a quelque honte à recevoir une insulte ou un affront, les lois civiles y ont pourvu, et nous ne sommes pas en droit de tuer un aggresseur pour toute sorte d'outrage, ni de nous faire justice à notre fantaisie.

Pour ce qui est des biens, dans l'indépendance de l'état de nature, on peut les défendre jusqu'à tuer l'injuste ravisseur, parce que celui qui veut les enlever injustement à quelqu'un, ne se montre pas moins son ennemi que s'il attentait directement à sa vie ; mais dans une société civile, où l'on peut avec le secours du magistrat recouvrer ce qui aura été pris, les hommes n'ont jamais la permission de défendre leurs biens à toute outrance, que dans les cas rares où l'on ne peut appeler en justice le ravisseur qui s'en empare avec violence dans certaines conjonctures, et sans que nous ayons d'autres moyens de les défendre que la force ouverte, qui concourt en même temps au bien public, c'est pour cette raison qu'il est permis de tuer un corsaire, un voleur de nuit ou de grand chemin.

Voilà pour ce qui regarde la défense de soi-même, de ses membres et de ses biens contre ceux qui les attaquent. Mais il y a un cas où l'aggresseur même acquiert à son tour le droit de se défendre ; c'est lorsqu'il offre la réparation du dommage, avec toutes les sûretés nécessaires pour l'avenir : alors si la personne offensée se porte contre lui à une injuste violence, elle devient elle-même aggresseur, eu egard aux lois naturelles et civiles qui lui défendent cette voie, et qui lui en ouvrent d'autres.

Les maximes que nous venons d'établir, se déduisent visiblement des principes de la raison ; et nous pensons que les préceptes de la religion chrétienne, ne contiennent rien qui y soit contraire. Il est vrai que Notre-Seigneur nous ordonne d'aimer notre prochain comme nous-mêmes ; mais ce précepte de Jesus-Christ est un précepte général, qui ne saurait servir à décider un cas particulier et revêtu de circonstances particulières, tel qu'est celui où l'on se rencontre, lorsqu'on ne peut satisfaire en même temps à l'amour de soi-même et à l'amour du prochain.

Si toutes les fois qu'on se trouve dans le même danger qu'une autre personne, on devait indispensablement se résoudre à périr pour la sauver, on serait obligé d'aimer son prochain plus que soi-même. Concluons que celui qui tue un aggresseur dans une juste défense de sa vie ou de ses membres, est innocent. Mais concluons en même temps qu'il n'y a point d'honnête homme, qui se voyant contraint de tuer un aggresseur, quelqu'innocemment qu'il le fasse, ne regarde comme une chose fort triste cette nécessité où il est réduit.

Entre les questions les plus délicates et les plus importantes qu'on puisse faire sur la juste défense de soi-même, je mets celle d'un fils qui tue son père ou sa mère à son corps défendant : surquoi voyez PARRICIDE.

Quant aux droits que chacun a de défendre sa liberté, je m'étonne que Grotius et Puffendorf n'en parlent pas ; mais M. Locke établit la justice et l'étendue de ce droit, par rapport à la défense légitime de soi-même, dans son ouvrage du gouvernement civil. Enfin le lecteur curieux de s'éclairer complete ment sur cette matière, peut consulter avec fruit Puffendorf, droit de la nature et des gens ; Gundlingius, jus naturae et gentium ; et Wollaston, ébauche de la religion naturelle. Article de M(D.J.)

DEFENSE, (Jurisprudence) ce terme a plusieurs significations : on entend par-là quelquefois la prohibition portée par une loi, par un jugement, ou autre acte de faire quelque chose. (A)

DEFENSE, est aussi tout ce que l'on emploie pour soutenir son droit : on appelle défense péremptoire, celle qui tranche toute difficulté. (A)

DEFENSES, sont une procédure que le procureur du défendeur signifie, contenant sa réponse sur le fond de la demande formée contre lui. Ce qui caractérise ces défenses proprement dites, est qu'après les qualités en ces termes, un tel défendeur contre un tel demandeur, on met ces mots : dit pour défenses, etc. Les exceptions diffèrent des défenses en ce que les premières sont sur la forme, au lieu que les défenses sont sur le fond. Quand le défendeur fournit des exceptions déclinatoires ou dilatoires, il faut y statuer préalablement avant de pouvoir obliger le défendeur à fournir des défenses. Lorsque le défendeur n'a point d'exception à proposer, ou que l'on y a satisfait, ou statué autrement, il doit fournir ses défenses dans le délai de l'ordonnance ; autrement on peut prendre contre lui un défaut faute de défendre. Dans les défenses, doivent être employées les fins de non-recevoir, nullités des exploits, ou autres exceptions péremptoires, s'il y en a, pour y être préalablement fait droit. Le demandeur peut, si bon lui semble, fournir des repliques aux défenses : mais elles ne sont pas nécessaires ; car dès qu'il y a eu des défenses fournies, on peut porter la cause à l'audience. L'usage des dupliques, tripliques, additions premières et secondes, et autres écritures semblables, a été abrogé par l'ordonnance, qui défend aux juges d'y avoir égard, et de les passer en taxe. Dans les tribunaux où le ministère des procureurs n'est pas nécessaire, le défenseur n'est pas non plus obligé de fournir de défenses. A l'échéance de l'assignation, les parties peuvent se présenter à l'audience, où le défendeur propose verbalement ses exceptions, défenses, et autres moyens. (A)

DEFENSES ; arrêt de défenses, sentence ou autre jugement de défenses, qu'on appelle communément défenses simplement, sont des jugements portant défenses d'exécuter une sentence, soit indéfiniment ou jusqu'à ce qu'il en ait été autrement ordonné. (A)

DEFENSES PAR ATTENUATION, sont des exceptions en matière criminelle, proposées par l'accusé pour détruire les preuves et moyens dont se sert l'accusateur pour prouver que l'accusé a commis le crime dont est question.

Ces sortes de défenses ont été abrogées par le tit. xxiij. de l'ordonnance criminelle, art. 1. mais l'accusé peut répondre par requête signifiée, avec copie de ses pièces justificatives, sans néanmoins que le défaut de donner une telle requête de la part de l'accusé, puisse retarder le jugement du procès. Ibid. art. 3. (A)

DEFENSES AU CONTRAIRE, c'est une clause que l'on insere dans des jugements qui contiennent quelque règlement provisoire, sans statuer sur les incidents formés respectivement par les parties ; par exemple sur un appel, lorsque l'intimé soutient que l'appelant est non-recevable, et que sans statuer sur les fins de non-recevoir, on appointe les parties : en ce cas le même jugement joint les fins de non-recevoir de l'intimé, défenses au contraire, c'est-à-dire que le juge réserve aussi à l'appelant la liberté de proposer ses défenses contre les prétendues fins de non-recevoir ; de manière que par cette clause les choses restent entières, et que l'appointement ne fait aucun préjugé ni pour ni contre les fins de non-recevoir. (A)

DEFENSES GENERALES, sont des lettres de chancellerie, ou un jugement obtenu par un débiteur contre tous ses créanciers pendant un temps, pour faire omologuer le contrat qu'il a fait avec la plus grande partie d'entr'eux, ou pour faire entériner les lettres de répi qu'il a obtenues.

Ceux qui ont obtenu de telles défenses, ne peuvent plus être consuls, administrateurs d'hôpitaux, échevins, ni parvenir à aucunes charges ou fonctions publiques, à moins qu'ils n'obtiennent des lettres de réhabilitation, et ne prouvent qu'ils ont depuis entiérement payé leurs créanciers. Voyez REPI, et l'ordonn. de 1673. tit. IXe (A)

DEFENSES (sentence de), voyez ci-devant DEFENSES, arrêt de défenses. (A)

DEFENSE (la), dans la guerre des siéges, est la resistance que font les troupes enfermées dans une place aux attaques de l'ennemi. (Q)

DEFENSES, en terme de Fortification, se dit de tout ce qui sert à conserver et à couvrir les ouvrages et les soldats qui défendent une place. Ainsi les parapets, les flancs, les demi-lunes, et tous les autres ouvrages de la place, en sont les défenses. Voyez PARAPET, FLANC, etc.

On appelle particulièrement les défenses d'un ouvrage, les parties d'un autre ouvrage ou du même, par lesquelles le premier est défendu. Ainsi on dit que les flancs sont les défenses du bastion, les faces, celles des demi-lunes, etc.

Lorsque le canon a battu ces sortes d'ouvrages, de manière qu'ils ne peuvent plus couvrir les soldats, ni avoir d'embrasures, on dit que les défenses de la place sont ruinées.

Il y a deux sortes de défenses ; savoir, la défense de front, et celle de flanc.

La défense de front est commune à tous les ouvrages : c'est celle que font les soldats placés sur les parties saillantes de l'ouvrage, comme celle des soldats placés sur les faces du bastion, qui ne peuvent tirer devant eux qu'à une certaine distance du pied du revêtement.

La défense de flanc est celle qui découvre le flanc des soldats qui attaquent un ouvrage : c'est la plus essentielle de la fortification, et elle est infiniment préférable à la défense de front.

Pour le prouver, soit ADC (Pl. I. de Fort. fig. 3.) la coupe ou le profil d'une enceinte formée d'un rempart et d'un parapet : le soldat qui est placé derrière le parapet en A, ne peut à cause de l'épaisseur A D du parapet, découvrir le pied C du revêtement C D ; il ne peut même découvrir la campagne qu'à l'extrémité B du prolongement de la partie supérieure A D du parapet : ainsi la défense directe de cette enceinte ne commence qu'au point B, en sorte que l'espace C B n'est point défendu. La défense de flanc n'a pas cet inconvénient ; elle découvre toute la longueur des parties qu'elle défend, et c'est elle qui contribue, pour ainsi dire, uniquement à la défense des ouvrages.

La défense de flanc peut être de deux espèces, savoir directe ou oblique.

Elle est directe, lorsque les parties qui servent de flancs sont à-peu-près perpendiculaires à celles qu'ils défendent ; et elle est oblique, quand ces parties sont dans une situation oblique, ou inclinées à l'égard des parties défendues.

Ainsi dans les systèmes de M. de Pagan et de M. de Vauban, où le flanc est à-peu-près perpendiculaire à la ligne de défense, les flancs défendent directement les faces des bastions opposés, parce que le soldat en s'appuyant, ou en se plaçant parallèlement au côté intérieur du parapet des flancs, découvre devant lui les faces qu'il doit défendre.

Dans les systèmes d'Errard, de Marolais, du chevalier de Ville, etc. où le flanc fait un angle aigu avec la ligne de défense, la défense est oblique, attendu que le soldat placé sur le flanc, ne peut découvrir la face du bastion opposé qu'en se mettant de côté, dans une posture gênante, et qui demande de l'attention. Cette sorte de défense est généralement méprisée, parce que l'expérience fait voir dans les attaques, que les soldats tirent toujours vis-à-vis d'eux, sans se donner la peine de se placer de côté pour tirer sur l'ennemi ; ainsi la défense oblique ne doit être employée que lorsqu'on ne peut faire autrement, ou que le soldat est peu exposé à l'ennemi, comme dans les tenailles du fossé, surtout dans les simples, qui n'ont qu'une défense très-oblique. Voyez TENAILLES. (Q)

DEFENSE DES PLACES, c'est l'art de résister aux attaques de l'ennemi qui veut s'emparer de la ville par un siege en forme. Voyez ATTAQUE, SIEGE, etc.

Cette partie de l'art militaire était beaucoup plus parfaite chez les anciens que chez les modernes : il était ordinaire, avant l'invention de la poudre à canon, de voir des villes médiocres se défendre plusieurs années. L'usage du canon et des mines a donné depuis une si grande supériorité à l'attaque, que les villes les plus fortes et les mieux défendues ne peuvent guère se soutenir plus de deux ou trois mois, malgré la défense d'une nombreuse et courageuse garnison.

Il est aisé de conclure de-là, que notre fortification actuelle a besoin d'une rectification, qui remette plus d'équilibre entre la défense et l'attaque. Depuis la fortification avec des bastions, c'est-à-dire depuis que la poudre a fait substituer le canon aux anciennes machines avec lesquelles on battait les places, la fortification a fait peu de progrès. Les ingénieurs se sont occupés d'abord de la disposition et de la grandeur des angles, et des autres parties du bastion. Lorsque la nombreuse artillerie employée dans les sièges a rendu ces sortes de considérations peu importantes, ils ont pris le parti de s'attacher à augmenter les dehors : ce qui occasionne une dépense excessive dans la fortification, et qui exige d'ailleurs de fortes garnisons dans les places. Tout cela ne demande ni une grande capacité, ni un grand effort de génie. Il s'agirait de trouver quelqu'expédient pour empêcher l'ennemi d'approcher des places, et d'en détruire les ouvrages aussi aisément qu'il le fait aujourd'hui : car il faut convenir que le peu de résistance des villes fortes ne mérite assurément pas la dépense qu'on a faite pour les fortifier. Il n'est point de simple enceinte formée seulement d'un rempart, d'un fossé et d'un chemin-couvert, que des troupes courageuses ne puissent défendre trois semaines ou un mois. Or si les villes fortifiées avec le plus de dépenses ne peuvent faire qu'une aussi courte défense, l'argent de leur construction pourrait être employé plus utilement. Les défauts de notre fortification moderne sont plus aisés à sentir qu'à corriger : mais pour donner des vues nouvelles qui remédient à sa faiblesse, il est important de bien se convaincre d'abord de cette faiblesse ; c'est le premier pas pour aller en avant. Voyez FORTIFICATION.

On propose dans les différentes académies de l'Europe, des prix pour ceux qui traitent le plus savamment des questions d'Astronomie, de Physique, etc. plusieurs souverains font la dépense de ces prix : ne pourrait-on pas aussi en proposer pour perfectionner notre fortification ? On demandera peut-être quel serait le tribunal qui pourrait en juger ? Une académie militaire, composée des officiers généraux les plus habiles et les plus distingués par leurs connaissances dans l'art de la guerre, et des ingénieurs dont les talents sont les plus recommandables. Il est certain qu'un tel établissement pourrait servir à augmenter nos connaissances sur la fortification, et même sur la tactique ; et que l'exécution d'un projet de cette espèce, ne pourrait que faire beaucoup d'honneur au souverain qui voudrait y donner quelqu'attention. " Nous n'avons point, dit M. le chevalier de Folard, de lois qui obligent les gens de guerre, à étudier les sciences qui ont rapport à leur profession. Nous ne voyons ni académies, ni écoles militaires, ni champ de Mars ; aucun monarque n'a pensé à un tel établissement : néanmoins ces académies seraient aussi utiles à plusieurs puissances de l'Europe, et aussi glorieuses aux souverains que toutes les autres que l'on a établies ; dans celle-ci on fait des découvertes ; en ferait-on moins dans la science de la guerre ? y trouverait-on moins de quoi s'occuper ? car elle n'est point isolée et séparée des autres sciences, etc. " Préf. du VI. vol. du comment. sur Polybe.

L'école militaire que le roi vient d'établir, renouvellera les anciennes écoles de Tactique des Grecs et des Romains. Le plan qui sera suivi dans l'éducation des cinq cent gentilshommes qui y seront élevés, pourra servir à détruire l'ancien préjugé qui fait croire que la valeur seule fait l'homme de guerre, et le faire céder insensiblement au goût des études militaires qu'on fera dans cette école. Voyez ECOLE MILITAIRE.

DEFENSE DU CHEMIN COUVERT : lorsque l'ennemi travaille à se loger sur le glacis, il faut redoubler les sorties, et les soutenir avec plus d'opiniâtreté. On le peut sans inconvénient, à cause de la facilité de la retraite. Lorsque la sortie est rentrée, on met le feu aux fourneaux et caissons, qui dérangent beaucoup l'ennemi. Les fourneaux bien disposés, doivent endommager ses logements ; aussi-tôt qu'ils ont joué, on peut tomber sur l'ennemi : c'est un moment favorable pour le surprendre en désordre, et pour détruire toujours quelques parties de ses travaux. Cette sorte de manœuvre doit être répétée très-souvent pour fatiguer l'ennemi, et reculer la prise du chemin couvert.

Lorsque l'ennemi est à portée de s'en emparer de vive force, il faut s'apprêter à le bien recevoir : un double rang de palissades dans le chemin couvert, peut lui augmenter la difficulté de s'y établir ; celles du second rang doivent être un peu plus basses que celles du premier, afin que l'ennemi ne puisse pas s'en apercevoir. Ces deux rangs doivent être éloignés l'un de l'autre de quatre à cinq pieds, pour que l'ennemi ne puisse pas sauter dans le chemin couvert par-dessus. Entre ces deux rangs de palissades, on peut pratiquer un petit fossé ; la plupart des grenades de l'ennemi y tomberont, et leur effet sera moins dangereux pour les troupes du chemin couvert. Il ne faut pas manquer de bien retrancher les places d'armes, soit en élevant dans l'intérieur de la place d'armes, et parallèlement à ses faces, un parapet au pied duquel on conduit un petit fossé, soit par de simples rangs de palissades qui empêcheront toujours l'ennemi d'y pénétrer aussi aisément qu'il le ferait sans cela. On met dans chaque place d'armes un ou deux tonneaux de poudre, avec du plomb, et les armes de main nécessaires pour la défense du chemin couvert.

On prépare toutes les batteries pour les mettre en état de faire un grand feu sur l'ennemi lorsqu'il travaillera à son logement ; toutes les parties de la place qui ont vue sur le chemin couvert, doivent être garnies de troupes pour faire aussi feu sur l'assiégeant. On doit seulement ne pas en garnir les parties qui sont vis-à-vis les places d'armes, afin que ceux qui sont dedans ne soient pas exposés à être fusillés par ceux de la place.

On peut être instruit par des déserteurs du jour où l'ennemi doit faire son attaque : on peut aussi faire observer ses mouvements par des hommes placés dans le haut des clochers de la ville ; et lorsqu'on s'aperçoit d'un grand mouvement de troupes dans les tranchées, qu'elles en paraissent plus remplies qu'à l'ordinaire, on doit s'attendre à une prochaine attaque. La proximité des travaux de l'ennemi doit aussi faire juger de ce qu'il peut entreprendre ; tout cela réuni ensemble peut faire prendre les arrangements convenables pour le bien recevoir.

Lorsqu'on s'aperçoit que les assiégeants sortent de leurs tranchées, on fait sur eux un feu continuel de mousqueterie et de toutes les batteries qui peuvent les découvrir. Ce feu leur fait perdre bien du monde avant que de parvenir aux palissades. Les deux rangs qu'ils en trouvent dans le chemin couvert, les empêchent de s'y jeter brusquement. Il faut qu'ils les fassent briser et rompre successivement à coups de hache ; et pendant ce travail, le feu de la place, qui doit être servi avec la plus grande vivacité, cause une grande perte d'hommes à l'ennemi. Lorsqu'après une longue résistance on se trouve trop pressé de l'ennemi, on lui abandonne le chemin couvert, et on se retire dans les places d'armes ; et pendant qu'il travaille à son logement, il se trouve en bute au feu de la place, qui le voit directement, et à celui des places d'armes qui lui découvrent le flanc ; en sorte que sa perte s'augmente de plus en plus. Si l'on a des fourneaux préparés, comme nous le supposons, on les fait jouer, après avoir laissé l'ennemi travailler pendant quelque temps à ses logements, et fait agir sur lui tout le feu de la place ; ensuite de quoi l'on sort brusquement des places d'armes, et profitant du désordre dans lequel il ne peut manquer d'être, on lui fait abandonner tout le chemin couvert.

Si l'on ne peut pas empêcher l'ennemi de faire quelque logement sur la crête du chemin couvert, ou ce qui est la même chose, sur le haut du glacis, on tâche de l'empêcher, de le prolonger, et de lui disputer le plus longtemps qu'on le peut les places d'armes. Les fougasses y doivent être employées avec succès, et répétées un grand nombre de fais, si le terrain le permet. Lorsque l'assiégeant a une fois bien établi son logement, et qu'il le soutient avec attention, il ne lui faut plus que du temps pour l'étendre et se rendre entièrement maître du chemin couvert. Les chicannes des assiégés ne peuvent qu'en retarder la prise, sans pouvoir l'empêcher absolument.

Ces sortes d'attaques de vive force sont extrêmement meurtrières, et leur succès n'est pas toujours certain. Les alliés, qui en 1708 attaquèrent le chemin couvert de Lille de cette manière, y eurent plus de 2000 hommes de tués et 2667 blessés ; et ils ne purent se loger que sur deux angles saillans, qui ne se trouvèrent pas défendus d'un si grand nombre de troupes que les autres. En 1713 M. le maréchal de Villars fit attaquer de même le chemin couvert de Fribourg ; il vint à bout de s'y établir par la grande valeur des troupes qu'il y employa : mais cette action couta 1500 hommes tués ou blessés. Le seul régiment d'Alsace y perdit ses quatre capitaines de grenadiers, et il eut 643 hommes tant tués que blessés. La méthode de se rendre maître du chemin couvert par la sappe, est infiniment moins meurtrière et plus sure ; et suivant M. le maréchal de Vauban, elle ne peut guère retarder la prise du chemin couvert que de quatre ou cinq jours.

Supposons présentement que l'ennemi prenne le parti de s'emparer du chemin couvert par la sappe, et qu'il élève des cavaliers de tranchée pour plonger dans le chemin couvert : il faut en retarder l'exécution par toutes les chicannes que l'on pourra imaginer ; car lorsque ces cavaliers sont bien établis, le séjour du chemin couvert devient trop dangereux. Il faut par des fourneaux arrêter l'ennemi à chaque pas, le fatiguer par un grand feu, et ne lui abandonner le terrain que pied à pied, en se défendant derrière chaque traverse, et dans les places d'armes autant qu'on peut le faire sans trop s'exposer, et que la retraite n'est point coupée.

DEFENSE DES BRECHES, c'est la résistance qu'on fait à l'ennemi, pour l'empêcher d'y monter et de se rendre maître de l'ouvrage dont il s'est ouvert l'entrée par les mines ou par le canon ; ou bien c'est la manière de résister à l'assaut de l'ennemi. Voyez ASSAUT.

On peut empêcher l'ennemi de monter à l'assaut, s'il est en état de le faire avant qu'on soit préparé à le recevoir, en entretenant un grand feu au pied des breches, avec des artifices et toutes sortes de matières combustibles.

A Turin, les ennemis firent par ce moyen différer l'assaut pendant plusieurs jours, aux pièces du front de l'attaque. On doit, lorsque l'ennemi se présente au pied de la breche, lui jeter une grande quantité de grenades, de sacs à poudre, pour mettre du désordre parmi ses troupes : des bouteilles de terre ou de verre remplies de poudre, entortillées de quatre ou cinq bouts de mêche allumée, peuvent aussi faire beaucoup de mal à l'assiégeant. On peut encore semer ou répandre une grande quantité de poudre sur la breche, lorsque l'ennemi est prêt de monter à l'assaut, et y jeter, lorsqu'il y monte, des mêches allumées ou des charbons ardents pour mettre le feu à cette poudre ; la flamme s'élevera d'abord et pourra bruler et mettre hors de combat un grand nombre de ceux qui se trouveront sur la breche. Il est bon de jeter aussi dans la breche quantité de herses à longues pointes, c'est-à-dire piquées par des clous dont les pointes s'élèvent beaucoup de la herse : pour que l'ennemi ne puisse pas les ôter, il faut les attacher avec des chaînes, ou au moins avec des grosses cordes. Il faut aussi être muni de chausse-trapes, en semer la breche, et avoir quantité de chevaux-de-frise et des hérissons de la longueur des breches ; ce sont des grosses poutres ou des arbres armés de pointes fort longues, attachés avec des chaînes ou des cordes, en sorte que si le canon en rompt une, ils soient retenus par les autres. On les fait rouler sur les breches avec des rouleaux ; ils dérangent beaucoup l'ennemi en tombant sur lui lorsqu'il monte à l'assaut. Des bombes attachées aussi avec des bouts de chaînes, pour ne les laisser aller que jusqu'aux endroits où l'on peut le plus endommager l'ennemi, sont aussi excellentes. On leur met des fusées beaucoup plus courtes qu'à l'ordinaire, afin que leur effet se fasse plus promptement. Les fascines goudronnées, les barrils foudroyans, tout doit être employé pour empêcher l'ennemi de s'établir sur la breche.

Lorsque l'ennemi, franchissant tous ces obstacles, se présente enfin au haut de la breche, on met le feu aux fourneaux pratiqués sous la breche pour la faire sauter, et l'on place des chevaux-de-frise sur toute la largeur de la breche. Les troupes se mettent derrière, où elles continuent de faire un grand feu sur l'ennemi, pendant qu'il fait ses efforts pour pénétrer dans l'ouvrage ; et lorsqu'il commence à y pénétrer, le premier rang des troupes qui le défendent, et que l'on doit avoir armé de faux emmanchées de revers, de pertuisanes ou halebardes, doit tomber sur l'ennemi et en faire un grand carnage, étant soutenues des autres troupes : mais enfin si l'ennemi à force de monde trouve le moyen de faire abandonner la breche, on se retire dans le retranchement, d'où l'on fait encore sur lui un feu très-violent : et lorsqu'on le voit en état de forcer ce retranchement, on fait retirer dans la place les canons et autres munitions qu'on peut encore y avoir ; et enfin si l'on a des fourneaux, on les fait sauter en se retirant, pour causer toute la perte et tout le dérangement qu'on peut à l'ennemi.

Une chose qui mérite bien de l'attention, et qui peut beaucoup servir à faire trouver de la difficulté à l'ennemi pour monter à l'assaut ou s'établir sur la breche par le moyen de la sappe, c'est d'avoir attention de déblayer les décombres de la breche. On le peut dans le fossé sec assez facilement : à l'égard du fossé plein d'eau, l'entreprise est plus difficîle ; mais aussi dans ce dernier cas, la breche est plus aisée à défendre que dans le premier, parce que l'ennemi qui ne peut arriver au pied que par le pont de fascines pratiqué dans le fossé, lequel pont n'a guère que dix ou douze pieds de large, ne peut pas se présenter sur la breche avec un aussi grand front que dans le fossé sec, ce qui donne plus de facilité de le repousser aux troupes qui défendent l'ouvrage attaqué.

DEFENSE des petites Villes et des Châteaux. On se trouve souvent dans la nécessité, à la guerre, de soutenir des petits postes qui n'ont nulles fortifications, mais qui servent à garder des passages pour la sûreté des convais ou munitions de guerre et de bouche, qu'on fait venir pour l'armée, ou à empêcher l'ennemi d'approcher du lieu où l'armée est campée, ou enfin qui servent de retraite aux troupes pendant le quartier d'hiver, et qui sont à portée de pouvoir se rassembler promptement et aisément lorsqu'il en est besoin.

Lorsque l'on se trouve enfermé dans un tel lieu, où l'on peut être insulté d'un moment à l'autre, on doit d'abord s'assurer des portes, et travailler pour en défendre l'approche à l'ennemi. Pour cet effet, il faut construire une petite demi-lune de terre vis-à-vis la porte d'entrée, et une autre devant celle de sortie ; s'il y a d'autres portes, il faut les faire murer. Si le lieu n'a pas de fossé, ou qu'il en ait de fort mauvais, on peut les mettre en état, et même, lorsqu'il y a une assez grande quantité de monde dans le lieu, y ajouter un bon chemin couvert.

Si le poste ne mérite pas qu'on fasse ce travail, ou que l'on n'ait pas assez de monde pour pouvoir le soutenir, il ne faut au moins rien négliger pour n'être point surpris dans le poste. Il faut ensuite relever les murailles dans les endroits où elles sont démolies ou abattues, et veiller exactement à ce qu'il n'approche aucun parti ennemi pour reconnaître le lieu.

Il faut pendant le jour faire rouler des patrouilles dans les environs du poste ; garder avec grande attention toutes ses avenues ; faire la ronde toutes les nuits avec grande attention, et ne laisser, sous aucun prétexte, approcher personne des portes afin d'empêcher qu'on y attache le petard. S'il y a quelques petites tours auprès des portes, comme il est d'usage d'y en avoir, il faudra y percer des crénaux pour pouvoir tirer sur le pétardier en cas de besoin, et faire feu sur ceux qui approcheront de la porte. Lorsqu'on a lieu de craindre d'être petardé, et qu'on n'a ni le loisir ni le monde nécessaire pour construire quelques petits dehors de terre vis-à-vis les portes, on doit mettre derrière la porte une grande quantité de terre et de fumier mêlé avec de la terre, ce qui diminue l'effet du pétard.

Il faut aussi dans ces sortes de cas avoir une grande provision de chevaux-de-frise, ou ce qui serait la même chose, avoir de grands arbres dont les grosses branches soient coupées en pointes. On s'en servira en cas de besoin, pour se retrancher contre l'ennemi et pour l'empêcher de pénétrer dans le lieu.

La sentinelle qui est au-dessus de la porte doit, pendant la nuit, prêter l'oreille avec la plus grande attention pour écouter tout ce qui se passe dehors : et comme l'ennemi prend ordinairement des nuits fort obscures, où il fait beaucoup de vent, pour s'emparer par surprise des portes dont il s'agit ; on pourrait pour plus grande sûreté mettre quelques tourtereaux ou autre composition d'artifice vis-à-vis les portes pour éclairer pendant la nuit. Par cette précaution il serait fort difficîle à l'ennemi de parvenir à faire attacher le petard aux portes. S'il y a des machicoulis au-dessus de la porte, comme il y en a encore assez communément dans les anciens châteaux, la sentinelle doit avoir auprès d'elle de fort grosses pierres, qu'elle doit jeter sur le petardier pour tâcher de l'écraser. Lorsqu'on prend toutes ces précautions, il est bien difficîle d'être forcé par une petite troupe dans les lieux dont il s'agit ici.

Si l'on craint que l'ennemi veuille tenter de se rendre maître du lieu par l'escalade, il faut, lorsque le lieu est entouré de simples murailles, disposer tout-autour de grosses poutres pour les faire tomber sur les échelles lorsque l'ennemi montera dessus, lesquelles le feront tomber dans le fossé. On doit aussi avoir des crocs ou des fourches, pour pousser les échelles en-bas, avec ceux qui sont dessus.

Des créneaux ou meurtrières placées dans différents endroits du mur, ne peuvent que faire un très-bon effet dans ces sortes d'occasions. Des artifices aussi préparés pour jeter dans le fossé sur ceux qui s'apprêtent à monter à l'escalade, sont d'un grand usage en pareil cas : lorsqu'on est bien préparé pour recevoir l'ennemi, il est bien difficîle que son entreprise puisse lui réussir.

Dans toutes ces sortes de défenses on suppose qu'il ne s'agit point de résister à un corps d'armée considérable, mais à des détachements particuliers, qui n'ont ni canon ni mortier pour battre le lieu dont ils veulent s'emparer. En se défendant comme on vient de le dire, on oblige l'ennemi, ou d'abandonner le projet de prendre le poste, ou d'y revenir avec plus d'appareil, ce qui doit lui causer beaucoup de retardement, et le mettre souvent hors d'état d'exécuter son dessein. Elem. de la guerre des sieges, tome III. (Q)

DEFENSE. On dit en terme de Blason, qu'un hérisson est en défense, pour dire qu'il est roulé et en peloton, comme il a coutume de se rouler pour empêcher qu'on le prenne. (V)

DEFENSES ou BOUTE-HORS. (Marine) Ce sont des bouts de mâts, longs de quinze à vingt pieds, que l'on attache en saillie à l'avent ou à l'arrière du vaisseau pendant le combat, pour repousser et éloigner un brulot, ou empêcher qu'un autre vaisseau ne puisse vous aborder. On peut s'en servir dans un mouillage pour empêcher le choc d'un vaisseau qui dériverait sur un autre.

On donne aussi ce nom à des bouts de mâts, de câbles, ou de cordes qu'on laisse pendre le long des côtés du vaisseau, pour empêcher l'effet du choc contre un autre bâtiment ; au lieu de bouts de câbles, on se sert quelquefois de fagots qu'on laisse pendre le long du flanc.

Les petits bâtiments se servent ordinairement de bouts de câbles pour défenses. Voyez CORDE DE DEFENSES.

Défenses pour chaloupes. Ce sont des piéces de bois endentées deux à deux ou trois à trois sur les préceintes du vaisseau, et qui servent à conserver les chaloupes contre les préceintes et les têtes des chevilles de fer quand on les embarque, ou quand il faut les mettre à l'eau. Voyez le Dict. de Trév. (Z)

DEFENSE, (Couvreur) est une corde à laquelle ces ouvriers s'attachent lorsqu'ils vont sur quelque toict où il y a du danger : il se dit aussi d'une corde au bout de laquelle ils suspendent une latte, et la laissent pendre de dessus les toicts pour avertir les passants dans la rue qu'ils travaillent sur la maison.

DEFENSE ; on appelle en Manège défense d'un cheval, la manière dont il résiste à ce qu'on demande de lui.

DEFENSES, (Vénerie) Ce sont les grandes dents d'en bas du sanglier.