Métaphysique

(Métaphysique) La question qui concerne l'âme des bêtes, était un sujet assez digne d'inquiéter les anciens philosophes ; il ne parait pourtant pas qu'ils se soient fort tourmentés sur cette matière, ni que partagés entr'eux sur tant de points différents, ils se soient fait de la nature de cette âme un prétexte de querelle. Ils ont tous donné dans l'opinion commune, que les brutes sentent et connaissent, attribuant seulement à ce principe de connaissance plus ou moins de dignité, plus ou moins de conformité avec l'âme humaine ; et peut-être se contentant d'envelopper diversement, sous les savantes ténèbres de leur style énigmatique, ce préjugé grossier, mais trop naturel aux hommes, que la matière est capable de penser. Mais quand les philosophes anciens ont laissé en paix certains préjugés populaires, les modernes y signalent leur hardiesse. Descartes suivi d'un parti nombreux, est le premier philosophe qui ait osé traiter les bêtes de pures machines : car à peine Gomesius Pereira, qui le dit quelque temps avant lui, mérite-t-il qu'on parle ici de lui, puisqu'il tomba dans cette hypothèse par un pur hasard, et que selon la judicieuse réflexion de M. Bayle, il n'avait point tiré cette opinion de ses véritables principes. Aussi ne lui fit-on l'honneur, ni de la redouter, ni de la suivre, pas même de s'en souvenir ; et ce qui peut arriver de plus triste à un novateur, il ne fit point de secte.

S. m. (Métaphysique) l'action de réduire une chose à rien, de détruire absolument son existence. Voyez SUBSTANCE, EXISTENCE.

L'anéantissement est opposé à la création : anéantir est réduire quelque chose au néant ; et créer est du néant faire quelque chose. Tout anéantissement est nécessairement surnaturel et méthaphysique. Les corps n'admettent point naturellement une destruction totale, quoiqu'ils soient susceptibles d'altérations et de changements. Voyez CORPS, ALTERATION, CORRUPTION.

S. m. pl. (Métaphysique) On appelle athées, ceux qui nient l'existence d'un Dieu auteur du monde. On peut les diviser en trois classes : les uns nient qu'il y ait un Dieu : les autres affectent de passer pour incrédules ou sceptiques sur cet article : les autres enfin, peu différents des premiers, nient les principaux attributs de la nature divine, et supposent que Dieu est un être sans intelligence, qui agit purement par nécessité ; c'est-à-dire un être qui, à parler proprement, n'agit point du tout, mais qui est toujours passif. L'erreur des athées vient nécessairement de quelqu'une de ces trois sources.

S. m. (Métaphysique) c'est l'opinion de ceux qui nient l'existence d'un Dieu auteur du monde. Ainsi la simple ignorance de Dieu ne ferait pas l'athéisme. Pour être chargé du titre odieux d'athéisme, il faut avoir la notion de Dieu, et la rejetter. L'état de doute n'est pas non plus l'athéisme formel : mais il s'en approche ou s'en éloigne, à proportion du nombre des doutes, ou de la manière de les envisager. On n'est donc fondé à traiter d'athées que ceux qui déclarent ouvertement qu'ils ont pris parti sur le dogme de l'existence de Dieu, et qu'ils soutiennent la négative. Cette remarque est très-importante, parce que quantité de grands hommes, tant anciens que modernes, ont fort légèrement été taxés d'athéisme, soit pour avoir attaqué les faux dieux, soit pour avoir rejeté certains arguments faibles, qui ne concluent point pour l'existence du vrai Dieu. D'ailleurs il y a peu de gens qui pensent toujours conséquemment, surtout quand il s'agit d'un sujet aussi abstrait et aussi composé que l'est l'idée de la cause de toutes choses, ou le gouvernement du monde. On ne peut regarder comme véritable athée que celui qui rejette l'idée d'une intelligence qui gouverne avec un certain dessein. Quelque idée qu'il se fasse de cette intelligence ; la supposât-il matérielle, limitée à certains égards, etc. tout cela n'est point encore l'athéisme. L'athéisme ne se borne pas à défigurer l'idée de Dieu, mais il la détruit entièrement.

sub. m. (Métaphysique) propriété constante de l'être, qui est déterminée par les qualités essentielles. L'essence de l'être consiste dans ces qualités primitives qui ne sont supposées par aucune autre, et qui ne se supposent point réciproquement. De celles-ci, comme de leur source, dérivent d'autres qualités qui ne sauraient manquer d'avoir lieu, dès que les premières sont une fois posées ; et qui ne sont pas moins inséparables de l'être, que celles qui constituent son essence. Car les qualités qui peuvent exister ou ne pas exister dans le sujet, ne sont ni essentielles, ni attributs ; elles forment la classe des modes (dont on peut consulter l'article). Nous avons donc un criterium propre à distinguer les qualités essentielles des attributs, et ceux-ci des modes. mais il faut avouer qu'il n'y a guère que les sujets abstraits et géométriques, dans lesquels on puisse bien faire sentir ces distinctions. Le triage des qualités physiques est d'une toute autre difficulté, et l'essence des sujets se dérobe constamment à nos yeux.